• Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
    Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
    Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.

    Un livre aux dialogues impeccables et aux personnages touchants d’humanité. Psychologies magazine.

     

    Très très belle histoire. La fin de l'histoire n'est peut-être pas celle qu'on pense....

    Après cette chouette histoire j'ai acheté "Je revenais des autres" et "les douleurs fantômes". Quelle déception, un texte très simple, très plat, des expressions ordinaires et des images convenues. J'ai fini l'un mais pas le second. Ramenés aussitôt chez easycash...

     

     

    Prix Babelio 2022 - Roman préféré des lecteurs - Catégorie littérature française

    Rosalie, Gabriel, Tim, Anton et Ambre formaient un groupe d'amis soudé jusqu'à ce qu'un drame les éloigne les uns des autres. C'est pourtant un appel au secours qui, cinq ans après, va à nouveau les réunir. Entre silences amers et regrets, ces retrouvailles vont raviver leurs douleurs fantômes et bousculer leurs certitudes : mènent-ils vraiment la vie dont ils rêvaient ? Un rendez-vous à la croisée des chemins qui leur prouvera qu'on peut se perdre de vue, mais pas de coeur... Et qu'il n'est jamais trop tard pour changer de vie et être heureux.

    L'amour des autres, le goût du bonheur, la guérison des blessures passées : après le succès de Je revenais des autres, Melissa da Costa nous fait partager, avec délicatesse et sensibilité, une formidable histoire d'amitié et de vie.

     


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  • Ce matin, ambiance étrange, des ouvriers travaillent aux quatre coins des salles du musée et des familles sont installées au beau milieu. Tout est très calme, un silence étrange flotte dans l'air.

    Véritable « exposition dans l’exposition », 13 sculptures de l’important artiste américain Duane Hanson (1925–1996) sont également présentées, formant un concentré rétrospectif de son travail. Les sculptures engagent un dialogue direct avec les œuvres de la collection et l’architecture du musée, tout en dirigeant notre attention sur les visiteurs et les collaborateurs de la Fondation Beyeler.

    Duane Hanson naît le 17 janvier 1925 à Alexandria, ville du Minnesota. Il grandit au sein d'une famille de fermiers puis entre 1944 et 1947, il réalise des études artistiques dans différentes universités américaines. Il enseigne quelques temps l'art au lycée puis en 1951 il est diplômé d'une maîtrise en beaux-arts par l'Académie d'art de Cranbrook (Michigan). Il réalise sa première exposition personnelle un an plus tard, à la Wilton Gallery dans le Connecticut.

    «Mon travail montre des gens qui sont dans un état assez désespéré. Je donne à voir le ras-le-bol, la fatigue, l’âge, la frustration. Ces gens ne peuvent pas entrer dans la compétition. Ils sont psychologiquement handicapés.» Duane Hanson.

     Il acquiert une renommée internationale de son vivant et expose en Europe. Son engagement social ne faiblit pas, en plus de critiquer le système américain il mobilise le spectateur lors de ses expositions. En poussant le voyeurisme à l'extrême, Duane Hanson met le spectateur au rang d'acteur direct des situations qu'il côtoie, et lui rappelle qu'il est lui-même membre partie prenante de cette société. Ses sculptures appartiennent à deux extrêmes, le Pop Art et le post-modernisme

    Dans les années 1960, il parcourt l'Europe et y enseigne. Il réside quatre ans en Allemagne où il présente sa première exposition personnelle, à la galerie Netzel, à Worpswede. L'artiste allemand George Grygo lui fait découvrir ce qui deviendra ses matériaux de prédilection : la résine de polyester et la fibre de verre. A partir de 1966, il fabrique ses premiers moulages figuratifs à partir de fibre de verre et de vinyle. En 1967, il réalise War, une sculpture lourde de critique sociopolitique, où il associe pour la première fois ces nouveaux matériaux. 

    Qui va se faire croquer ?

    Les premières sculptures sont moulées à partir de personnes réelles et peintes pour donner à la peau un aspect réaliste. Elles témoignent d'une critique sociale très dure où il met à nu la société américaine des Trente Glorieuses, consumériste et inégalitaire. Ces personnages présentent une attitude apathique et un regard ennuyé, lointain et dégagé de leur environnement.

    Dans chaque salle, il y a des relations entre les sculptures de Duane Hanson et les œuvres présentes au musée.  


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  • A 4 heures 30 d'avion de Bâle / Mulhouse, voilà une destination agréable pour passer les fêtes. Bien sûr, on pourra crier à l'hérésie des voyages en avion et pourtant, cette compagnie low-cost permet à des centaines de familles de vivre correctement dans cette station balnéaire. Des centaines d'hommes aux cuisines, aux services, à l'entretien qui ne seront pas obligés de quitter leur pays sur un canot pneumatique. Easy fait plus que tous les financements (européens, mondiaux) pour maintenir l'activité et la vie de ces familles.

    En plus, la déco est super chouette. Chansons de Noël en prime toute la journée.

    Les fonds de la mer Rouge sont magnifiques ; les sorties en snorkeling sont inoubliables (on n'est pas obligés de faire du quad dans le désert !). 

    Des crèches, des petites, des grandes dans un pays musulman ; c'est pas à Béziers qu'on peut voir ça ...

    Magnifiques jardins où œuvrent des dizaines d'employés.

     

    L'eau est à 25 degrés.

    Tous les jours une petite sortie (mais attention aux poissons lions et aux murènes...)

    Nombreux moments festifs pour chaque journée.

    Même à l'aéroport, on trouve une belle déco colorée (rien à l'Euroairport de Bâle/Mulhouse/Fribourg !!!)


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  • La carte postale est arrivée dans notre boîte aux lettres au milieu des traditionnelles cartes de vœux. Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme. Il y avait l’opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942. Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale, en explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi.
    J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.

    A. B.

    Un récit intime et profond. Clémentine Goldszal, Elle.

    Un livre d’histoire, riche en questionnements, qui se lit comme un grand roman. Astrid de Larminat, Le Figaro littéraire.

    Prix Renaudot des lycéens.

    Grand prix des blogueurs littéraires.

    Cette histoire familiale nous montre des "migrants" plein de bonne volonté qui mettent toute leur confiance dans ce pays d'accueil qui est la France des années 40. Ils seront bien sûr trompés et tués comme des milliers d'autres parce juifs. Les survivants et descendants de cette famille ont des attitudes diverses ; certains veulent tourner la page, oublier ; d'autres veulent en savoir plus ; connaître leurs aïeuls, leur oncle, leur famille. Cette carte postale sera un vrai déclencheur. Dans les récits de la seconde guerre, on trouve à chaque fois un scénario différent, des destinées différentes même si on retrouve dans tous un point commun, la souffrance et l'horreur. La Shoa emporta des entrepreneurs et des milliers de familles en un claquement de doigts. Cette entreprise d'extermination fut une horreur mais dans chaque récit on trouve l'ignorance, la naïveté (parce qu'il y a confiance)et l'on se dit qu'il aurait suffi d'un rien, une opposition claire de l'état français qui aurait pu changer les choses...


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  • Le livre indispensable pour voyager au bon moment

    Où partir quand en Europe ? Cet ouvrage répond à cette question qui ne se limite pas à savoir à quel moment il neige sur les sommets alpins et quand est-ce qu'il fait chaud sur les plages grecques. C'est que, selon la période où l'on choisit de partir, il n'y a pas que le temps qui change.
    Prenons Saint-Moritz, en Suisse. En hiver, c'est une station extrêmement cossue réservée aux skieurs fortunés. Mais l'été, ses vastes prairies fleuries et ses lacs translucides sont accessibles à tous les voyageurs. L'Ecosse n'est sans doute pas la destination que vous mettrez en tête de liste pour vos vacances d'hiver. Mais c'est parce que vous ne connaissez pas encore le Hogmanay, cet incroyable déchaînement festif qui célèbre le Nouvel An. Les plages de l'Algarve en été peuvent ne pas être votre tasse de thé. Heureusement, elles sont propices au surf dès le mois de mars, période qui coïncide avec la floraison des amandiers dans cette région, la plus chaude du Portugal.

    Organisé mois par mois, ce livre superbement illustré propose 300 idées de voyage (25 pour chaque mois). Au début de chaque mois, le lecteur trouvera un graphique qui lui permettra de circuler au gré de ses envies. Un autre lui permettra de choisir sa destination selon les critères de prix et de participants au voyage. Enfin, toutes les grandes fêtes et les principaux festivals sont présentés.
    Les voyageurs qui sont en quête d'inspiration pour leurs prochaines vacances, n'auront ainsi qu'à se laisser séduire par les alléchantes suggestions du guide : culture à Vienne ou adrénaline sur les cours d'eau du Monténégro, baleines au large des Açores ou fêtes des vins en Hongrie.
    Quant à ceux qui ont déjà en tête la destination de leur rêve, ils trouveront le meilleur moment de l'année pour s'y rendre – la côte amalfitaine en mai avant l'arrivée des foules, la Laponie en février durant la période des auréoles boréales...

    L'Europe fourmille de bonnes adresses ; il reste à trouver des billets d'avion dont les prix se sont envolés... ou de grimper sur son 2 roues...

    Merci les 67 pour ce chouette cadeau, une vraie bible !


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  • Alphonse Erb, 99 ans, l’impressionnant doyen des adorateurs du Mont Sainte-Odile

    DNA 30 MARS 24
    À 99 ans, Alphonse Erb, l’un des derniers Malgré-nous d’Alsace, est aussi le doyen des 1 600 adorateurs du Mont Sainte-Odile, où il vient prier depuis 1942. Doté d’une mémoire impressionnante et d’une grande force de caractère, il voue une reconnaissance éternelle à la sainte patronne de l’Alsace qui, dit-il, l’a protégé tout au long de sa vie.
    Depuis quelques années, Alphonse Erb n’est plus inscrit au planning des prières, très cadré, mais continue à prier chaque jour après les offices.  Photo Jean-Paul Kaiser
     
     
     

    Un papier jauni par les années, une photo d’un jeune homme au regard fier, et cette inscription d’un autre temps : « Carte du combattant ». Les mains d’Alphonse Erb tremblent à peine lorsqu’il extirpe le document de la poche de son costume, debout, le dos droit, balayant d’un geste toute tentative d’aide. Cravate, chemise, veste en cuir, visage rasé de près : on pourrait croire, en le saluant, que le nonagénaire s’est apprêté pour recevoir de la visite. Mais c’est la tenue quotidienne de cet habitant de Griesheim-près-Molsheim.

    « On partait à vélo à 4 h du matin »

    À 99 ans, il est le doyen de l’ensemble des adorateurs du Mont Sainte-Odile, des milliers de croyants qui se relaient toute l’année, jour et nuit, pour prier devant le Saint-Sacrement, de façon quasi-ininterrompue depuis près de cent ans. Lui a commencé en 1942, à l’âge de 17 ans, à une époque où « c’était la mode » de venir prier au monastère : « On était un groupe d’une vingtaine de copains. On était jeunes, célibataires, on partait à vélo à 4 h du matin. À Ottrott, on retrouvait des filles, mais elles ne pouvaient pas rester avec nous, les femmes n’avaient pas le droit de faire partie des adorateurs. »

    En pleine guerre, l’adoration perpétuelle se poursuit de manière clandestine. Pour Alphonse, tout s’arrête brutalement en 1943, alors qu’il est réquisitionné pour le Service du travail obligatoire, puis transféré sur le front russe, où il est grièvement blessé et passe 20 jours dans le coma. « Je suis un miraculé », reconnaît celui qui dit avoir « beaucoup de respect pour l’armée allemande. Elle a tout fait pour que je ne tombe pas dans l’armée soviétique, car eux tuaient leurs propres blessés. »

    Il n’oubliera jamais la date du 7 octobre 1944, jour où il se réveille de son coma « nu, sans rien, sans pouvoir parler. J’ai dû tout réapprendre, comme un bébé. Ce jour-là, je suis né pour la deuxième fois. Cette année, je vais fêter l’anniversaire de ma deuxième naissance », calcule-t-il.

    « Le jour où je ne pourrai plus venir en voiture, je ne viendrai plus du tout »

    Il rentre de la guerre avec un œil en moins et bien d’autres blessures, certaines visibles, d’autres enfouies. De celles que l’on préfère taire, à une époque où il faut vite tourner la page. Lui a surtout une reconnaissance infinie : celle d’être encore en vie. « Je viens ici pour remercier sainte Odile, qui m’a protégé. » À l’œil qui ne voit plus, il préfère retenir celui qui voit toujours et lui permet encore, après une opération de la cataracte, de lire chaque matin le journal sans lunettes et de conduire. « Le jour où je ne pourrai plus venir en voiture, je ne viendrai plus du tout », martèle-t-il avec fierté.

    Après la guerre, il poursuit sa route à Niederhaslach, où il travaille comme receveur et bâtit sa vie de famille, qui lui laisse moins de temps pour venir prier régulièrement, même si « on montait souvent le dimanche, avec les enfants », se souvient-il.

    « Il a une volonté de fer »

    De retour à Griesheim-près-Molsheim pour sa retraite, il y a 40 ans, il retrouve, une fois par an, le groupe des adorateurs, dont il apprécie l’esprit de « camaraderie ». La seule aide que le nonagénaire tolère est celle d’un membre du groupe, un infirmier, qui l’assiste pour le lever et le coucher. Il a aussi accepté d’avoir un téléphone portable, accroché autour de son cou et dont il connaît le numéro par cœur, pour appeler une assistance en cas d’urgence.

    Depuis quelques années, il n’est plus inscrit au planning des prières, très cadré, mais continue à prier chaque jour après les offices. « Il vient aux conférences, participe aux activités», observe, admiratif, Antoine Schrameck, responsable du groupe des adorateurs du secteur de Rosheim. «Il a une volonté de fer. » Une volonté d’aller de l’avant, jusqu’au bout. Qui se lit dans ses gestes, dans sa façon de parler, en choisissant chaque mot avec soin. Et dans ses yeux, pétillants de malice lorsqu’il lance : « L’an prochain, on fera une fête pour mes 100 ans ! »

    L’adoration perpétuelle, créée en 1931, a résisté à la guerre mais pas au Covid

    L’adoration perpétuelle existe depuis le 5 juillet 1931, au Mont Sainte-Odile. Elle a été instituée à la suite du souhait de Mgr Ruch, évêque de Strasbourg. Le premier groupe d’adorateurs était composé de 14 hommes de Schiltigheim. Les femmes ne sont autorisées à participer que depuis les années 90.

    Présents pendant une semaine, du lundi au lundi, les adorateurs se relaient toutes les heures le jour et toutes les deux heures la nuit pour prier, par deux, devant le Saint-Sacrement. En dehors des temps d’adoration et des cérémonies religieuses, ils participent à des conférences, accueillent des pèlerins de leur canton et partagent les temps de la vie quotidienne.

    Une moyenne d’âge de 75 ans

    Si l’adoration a résisté à la Seconde Guerre mondiale, elle a en revanche été interrompue par le Covid, pendant les confinements, du moins en présentiel, car les adorateurs ont continué à se relayer pour prier à domicile.

    Ils sont actuellement au nombre de 1600, un chiffre qui baisse au fil des ans. Toute l’Alsace, du nord au sud, est représentée, divisée en une cinquantaine de cantons, comptant chacun entre une quinzaine et une cinquantaine de membres, de 11 à 99 ans.

    Leur moyenne d’âge est de 75 ans, elle a reculé de sept ans en dix ans. Un vieillissement et une difficulté à recruter de nouveaux membres qui préoccupent le recteur, Christophe Schwalbach : « Quand un groupe est vraiment faible, on lance un appel à volontaires pour les rejoindre ponctuellement sur place. On a aussi commencé à proposer des demi-semaines d’adoration. Certains, qui n’habitent pas loin, viennent même à la journée, ou deux heures la nuit. »

    FA. H.

    DNA du 03 octobre 2016 : René Baumann, 71 ans après l’enfer

    Le Hirsinguois René Baumann a connu, lors de la Seconde Guerre mondiale, un parcours terrifiant : déporté NN, il a été interné deux fois à Mauthausen, une fois au Struthof, une fois à Dachau et a suivi une « marche de la mort ». Il a survécu, s’est reconstruit et s’est armé d’un sourire inaltérable. Une professeure d’histoire vient de mettre sa vie par écrit.

    Ils ont tout fait pour lui prendre son humanité. En échange, ils lui ont donné des numéros. Il est devenu un « Stück » , marqué de quatre matricules successifs : 64 094 à Mauthausen, 17 592 au Struthof, 100 688 à Dachau, 97 621 de nouveau à Mauthausen. En 19 mois, entre son arrestation dans les Alpes, en novembre 1943, et son retour à Hirsingue, en juin 1945, soit entre ses 20 et ses 22 ans, le Sundgauvien René Baumann est passé par une dizaine de lieux d’internement : prisons, casernes, camps annexes, camps de concentration ou d’extermination… En plus de ces numéros, il portait le triangle rouge des déportés politiques et était fiché NN. Pour Nacht und Nebel , Nuit et brouillard. Ce traitement de faveur était réservé aux opposants au Troisième Reich : il leur promettait de « disparaître sans laisser de traces » et sans qu’aucune information ne soit donnée sur leur sort.

    Or, plus de 70 ans plus tard, René, 93 ans, est toujours là, dans les bureaux de la minoterie de Hirsingue. Là où il a toujours travaillé et là où il est né. Humble, discret, prévenant. Cet homme a connu l’enfer, subi la barbarie et il pratique la gentillesse. À ses côtés se trouve une jeune femme : Audrey Guilloteau, 34 ans. Elle est professeure d’histoire au lycée Henner d’Altkirch et elle vient de lui faire un cadeau formidable : un livre retraçant son parcours. Mais ce cadeau n’est pas une faveur : c’était la moindre des choses. Il fallait juste que René rencontre la bonne personne…

    Trahi pour 800 francs

    Témoignages

    Cette rencontre s’est faite en 2013 dans le cadre du concours national de la Résistance et de la Déportation, dans lequel se sont distingués des élèves d’Audrey. Lors de voyages mémoriels, René a lâché des bribes de son parcours de déporté. « J’ai trouvé son histoire extraordinaire ! , se souvient Audrey. Et je me suis demandée pourquoi elle n’avait pas encore sa place dans les bibliothèques. » René n’attendait que ça… Alors l’ancien déporté et la jeune professeure se sont retrouvés à la minoterie, pendant deux heures, toutes les semaines, entre janvier et octobre 2015. Replonger dans de tels souvenirs fut-il douloureux ? « Non, non, je voyais Audrey avec joie ! » , assure René. « Avec lui, tout va toujours bien , constate l’historienne. Il ne se plaint jamais, il est toujours souriant… »

    Ce sourire est une pudeur. Très longtemps, René n’a pas parlé, parce qu’il fallait se reconstruire et revivre en communauté, avec les voisins et les membres de sa famille qui avaient suivi des trajectoires et fait des choix différents. Mais depuis les années 2000, René intervient dans les établissements scolaires. « J’aime ce contact , dit-il. Mais je ne raconte pas facilement… »

    Alors Audrey a dû insister, revenir incessamment sur les détails de ces enfers qui n’en finissaient pas. Elle a vérifié les faits, complété les souvenirs de René avec d’autres témoignages. Et elle a signé, au final, un livre complet, documenté et illustré, qui va au-delà d’un cas particulier pour raconter une histoire de l’Alsace dans le cataclysme de la Seconde Guerre.

    Le drame de René débute avec cette décision cornélienne qu’ont dû prendre les jeunes hommes d’Alsace après août 1942 : fuir ou non l’incorporation de force. Cette décision se prenait avec les parents, concernés par les représailles en cas de fuite. Chez les Baumann, cette réunion se passe en octobre 1942. René vient à peine de rentrer du Reichsarbeitsdienst (RAD), qui fait office de préparation militaire à la Wehrmacht. « Mon père avait fait 14-18 dans l’armée allemande , raconte René. D’abord, il m’a dit : “C’est dur, mais il faut le faire !” Mais quand il a vu la mentalité des nazis, il a eu cette phrase : “Ce ne sont plus les mêmes Allemands…” » La décision est alors celle-ci : partir. René passe en Suisse le 11 octobre 1942, à 19 ans, avec deux camarades, Léon Specklin et Léon Sengelin. Il suit ensuite un parcours assez classique de réfractaire : celui-ci le mène en France, dans l’armée d’armistice d’abord, dans la Résistance ensuite. Mais il ne reviendra pas, comme beaucoup d’autres, en Alsace dans l’armée des libérateurs. La faute à un traître, qui a infiltré son réseau, dans les Hautes-Alpes. Audrey précise que ce Judas a reçu 800 francs de l’époque comme prix de sa trahison. Celle-ci aurait permis 80 arrestations. Les nazis ont sans doute fait une affaire…

    Le remords du SS

    Commence alors un parcours hallucinant dans le monde concentrationnaire. Le calvaire débute à Neue Bremm, « la Nouvelle Brême » , un camp de transit pour les détenus NN à Sarrebruck. « Dès mon entrée dans le camp , dit René dans le livre, j’ai le souffle coupé par une vision d’horreur : une horde de morts-vivants, presque des squelettes, tourne autour d’un bassin rectangulaire rempli d’une eau verdâtre… » Bienvenue en enfer. René y reste un mois, avant d’être envoyé à Mauthausen. « À 50 km de l’endroit où j’aurais dû me rendre si j’étais allé dans la Wehrmacht ! » Que faire face au destin ? Il découvre le travail criminel à la carrière, l’escalier démoniaque aux 186 marches. Deux mois plus tard, il apprend qu’on va le transférer en Alsace. Cette idée le « remplit de joie »… Il ne sait pas qu’on l’envoie au Struthof, où Himmler veut réunir tous les NN. Puis, devant l’avance alliée, passage par Dachau, en septembre 1944, et retour à Mauthausen et dans le camp annexe de Melk. Avant d’entamer, en avril 1945, une « marche de la mort » : un exode à pied sur des routes interminables qui achève les derniers survivants.

    Tout ceci est raconté avec sobriété et précision. On nous parle des punaises et des poux, du problème des latrines, des cadavres, des phlegmons aux pieds, des morsures des chiens et de la faim, de la solidarité entre déportés… René raconte aussi ce fait rare : le remords d’un SS. Pendant la marche, il entend un nazi dire à un autre : « Je ne peux plus supporter tout ça : un jour, nous paierons pour ces crimes… » Et l’autre de répondre : « Si tu le redis une seule fois, je te dénonce ! »

    Quand René retrouve enfin le Sundgau, dans les yeux de ses parents, l’effroi le dispute au bonheur. « Je pesais 76 kilos lors de mon arrestation, j’en faisais 28 à mon retour. » Il est rentré de l’enfer, mais il n’est pas sorti d’affaire. Il doit être hospitalisé avant de reprendre le cours de sa vie hirsinguoise : un travail à la minoterie, des engagements dans le club de football, chez les sapeurs-pompiers… En 1956, il épouse Hélène Schueller, qui lui donnera trois enfants. Pour leur voyage de noces, il l’emmène dans les Hautes-Alpes et… à Mauthausen. Il voulait sans doute lui montrer ce qu’il ne pouvait lui dire.

    L’atout de la langue

    Comment expliquer qu’il ait survécu à sa « disparition » programmée ? « J’étais en forme… » , répond René. On peut ajouter qu’il avait de la volonté, une nature optimiste, une grande chance dans son énorme malchance. Il avance encore une autre raison : « Je connaissais l’allemand, et ça, c’était primordial ! Je comprenais ce qui se disait et se passait, et je restais dans la masse, je ne me faisais pas voir… La vie, à quoi ça tient, hein ? Pas grand-chose… »

    Dans le bureau hors d’âge de la minoterie de Hirsingue, René insiste pour ouvrir une bouteille de champagne avant de nous laisser repartir. On trinque alors, pour le plaisir de rencontrer un tel survivant. Comme un hymne à la vie. Un pied de nez aux barbares.

     

     

    Journal l'Alsace du 25 mai 23

    Jean-Pierre Tschaen, ancien incorporé de force : « Je n’ai plus de sentiment de revanche »

    Jean-Pierre Tschaen a attendu la fin des années 2000 pour témoigner de son incorporation de force. Cet Alsacien originaire de Kaysersberg ne parlait pas de la guerre à ses proches. Ancien Waffen SS, engagé dans la 1re Armée française en décembre 1944, il regarde avec lucidité cette époque si complexe pour des Alsaciens dont le cœur battait français.

    Témoignage

     
    Jean Bézard et Jean-Pierre Tschaen se sont connus grâce à une lettre que le premier avait envoyée au second il y a une quinzaine d’années. Le fondateur de la SNIFAM (solidarité normande avec les incorporés de force d’Alsace-Moselle) cherchait à l’époque la trace de deux incorporés de force qu’il avait croisés un jour de juillet 1944 à Gouville-sur-Mer, village posé au nord-ouest de Coutances en Normandie. Il adressait ce type de courrier aux Alsaciens qui avaient combattu dans sa région natale après le Débarquement. C’était le cas pour Jean-Pierre.

    Témoignage

     

    Au sein d’une compagnie du régiment Deutschland rattaché à la division blindée Das Reich

    Depuis cette première missive, une belle amitié est née entre les deux hommes. Et lorsque Jean Bézard et sa compagne, Nicole Aubert, posent chaque printemps leurs valises en Alsace, ils ne manquent pas d’aller voir à Ammerschwihr Jean-Pierre Tschaen, qui partage sa vie avec Suzanne Florence.

    Rencontrer Jean-Pierre Tschaen, c’est se replonger dans un passé lointain, celui d’une Alsace occupée par les nazis. Originaire de Kaysersberg, le nonagénaire, à la mémoire intacte, raconte avec placidité cette époque de sa vie qui ne fut pas facile comme pour la plupart des jeunes de son âge. Lui est né en 1926, classe maudite qui fut en grande partie incorporée de force dans la Waffen SS. Jean-Pierre n’a pas échappé à ce funeste destin. Il a reçu son uniforme et son équipement en février 1944, en Prusse orientale, avant de retourner en France, au sud de Bordeaux où stationnait son unité, une compagnie du régiment Deutschland rattachée à la division blindée Das Reich.

    Jean-Pierre était affecté à une section de transport. Le front, il l’a connu en Normandie. « C’est le seul moment où j’ai tiré un coup de fusil », se souvient-il. En août 1944, son unité est engagée dans une offensive qui vise à reprendre un village, Bourg-Saint-Léonard, dans l’Orne. « Elle était occupée par les Américains. C’était une sorte de verrou qu’il fallait faire sauter pour éviter un encerclement des troupes allemandes ». L’attaque est un succès pour les SS mais les Alliés déclenchent une contre-offensive durant laquelle Jean-Pierre évite de peu une blessure, une balle américaine effleurant son bras. « À ce moment-là, j’ai fait comme les autres, j’ai tiré. Mais une seule fois car mon fusil s’est enrayé ! »

    C’est à Bourg-Saint-Léonard que Jean-Pierre est fait prisonnier. « Ce fut un drôle de sentiment. Je me sentais, pour ainsi dire, libéré ! » Captif pendant trois mois, le jeune alsacien va vivre dans plusieurs camps avant d’atterrir au Mans où il est regroupé avec d’autres incorporés de force. Il est libéré le 8 décembre 1944 et s’engage le lendemain dans l’armée française, dans un bataillon de marche puis au 3e régiment de hussards.

     

    Témoignage

     

    Face à la Résistance

    Évoquer la Das Reich, c’est forcément aborder les exactions de cette division dans le centre et le sud de la France. Après le Débarquement, les régiments Deutschland et Der Führer de la Das Reich vont rester dans le sud afin de lutter contre la Résistance. Une lutte qui s’accompagne de massacres contre la population, en Haute-Garonne, en Ariège, dans le Lot, en Corrèze et Haute-Vienne. La compagnie de Jean-Pierre Tschaen a été engagée une fois dans la lutte contre la Résistance, début juin 1944. « Ma section était restée à l’arrière et avait pour mission de garder le cantonnement dans un village, du côté des Pyrénées. Le reste de la compagnie a lutté contre les maquisards. Je n’ai su que bien plus tard tous ces drames. Nous ne savions pas, par exemple, ce qui s’était passé à Oradour. Pour ma part, j’ai dû attendre le procès de Bordeaux [en 1953] pour en savoir plus ».

    D’ailleurs, la guerre, on n’en parlait pas après 1945. « On était tellement heureux d’être vivant ! Personne, dans mon entourage, ne faisait d’allusion à mon incorporation dans la Waffen SS ».

    La perte des amis sur le front

    Il a longtemps attendu avant de témoigner. Son récit de guerre figure dans un ouvrage de Nicolas Mengus et André Hugel (*) datant de 2008. « Aujourd’hui, je ne ressens plus ce sentiment de revanche que j’avais à l’époque. Cette guerre, c’était une aventure ». Jean-Pierre garde cependant en mémoire ces images qui ont pu le poursuivre. « Une fois, j’ai dû enterrer des morts à Saint-Michel, dans la Manche. Les corps étaient bien mal en point. L’un avait le crâne arraché et l’autre le bas du corps en charpie. J’ai pu reconnaître deux Alsaciens, Ernest Schoeffolt et Jean Meyer, tous deux de Soufflenheim. Ça m’a fait un coup au moral. J’ai déposé des fleurs. Ce fut un moment terrible ».

    D’après les recherches de Jean et Nicole, quelque 1 200 incorporés de force ont participé à la bataille de Normandie et au moins 300 y ont perdu la vie.

    Témoignage

    Elle reconnaît, 30 ans après, celui qui avait menacé son père

    Suzanne a un caractère bien trempé. Pas le genre à se laisser marcher sur les pieds… même à 93 ans ! Celle qui partage la vie de Jean-Pierre Tschaen habitait, pendant la guerre, à la gare de Fréland que géraient ses parents, Ernest Graff et Anne Marie Schmitt. Suzanne se souvient bien de ces journées passées dans la cave durant l’offensive alliée dans les Vosges. Il fallait éviter les bombardements qui pouvaient être meurtriers. Malheureusement, son père en fera les frais, touché, courant décembre 44 par un éclat d’obus. « Il a été évacué à l’hôpital de Saint-Dié où il est resté deux mois mais nous n’étions pas au courant de son état de santé. On a passé Noël sans lui. Nous étions quatre, avec ma mère et mes deux petits frères ».

    « Il vous manque plus que le casque, l’uniforme et le pistolet »

    La guerre a rattrapé Suzanne, bien plus tard. Dans les années 70, sa fille cadette, Martine, reçoit à Ammerschwihr sa correspondante allemande. Les parents de cette dernière décident de lui rendre visite et sont invités par Suzanne et son mari, Martin Florence. « Lorsque j’ai vu cet homme sortir de sa Mercedes de couleur bleu clair - je n’oublierai jamais cette voiture -, je me suis dit que je le connaissais. Et plus je le regardais, plus les souvenirs revenaient ».

    Le repas se déroule sans problème mais au moment du café, Suzanne demande à l’Allemand s’il connaît les Vosges. Il répond par l’affirmative et vante la beauté de la région. Puis c’est là que Suzanne le regarde droit dans les yeux et lui assène sèchement : « Il vous manque plus que le casque, l’uniforme et le pistolet ». Puis elle lui rappelle que durant la guerre il a tenu en joue son père. Cette scène, elle peut la décrire sans problème.

    Durant l’hiver 44/45, la gare de Fréland était occupée par des Allemands. Les troupes d’occupation posent des mines antichars pour freiner l’avancée des Alliés qui se trouvent dans les Vosges et dans certaines vallées alsaciennes comme à Sainte-Marie-aux-Mines. « Un soir, cet homme déplie une carte de la région puis pointe son révolver sur mon père. Il exige qu’il lui montre les positions américaines ». Le père de Suzanne ne cède pas. Puis il essaye de calmer l’homme en lui proposant du schnaps. « L’Allemand lui a répondu d’accord mais il a fallu que mon père boive en premier car il avait peur d’être empoisonné ! »

    Trente ans après, l’ancien sous-officier allemand, face au regard accusateur de Suzanne, a blêmi. « Il s’est senti mal mais il n’a rien dit. Le couple est de suite reparti avec leur fille ». Évidemment, la petite Martine n’a jamais été accueillie en Allemagne par cette famille.

    (*) Entre deux fronts, les incorporés de force dans la Waffen SS , volume 2. Éditions Pierron, 2008. 25 euros.

     

     

     

    Dans le journal l'Alsace

    Un Malgré-nous malgré lui qui, à 96 ans, tient à faire perdurer la mémoire des 103 000 Alsaciens et 31 000 Mosellans contraints par un décret du 25 août 1942, d’effectuer leur service militaire dans l’armée allemande.

    80 ans après, cette date résonne encore comme un coup de massue dans la mémoire de Louis Mutschler. Envoyés sur le front Russe, beaucoup ont fini au camp de Tambov et un tiers d’entre eux ne sont jamais revenus.

    Beaucoup ont gardé le silence pendant des dizaines d’années

    Il aura fallu attendre fin 1945 pour que les rescapés retrouvent leur terre natale. Le traumatisme face aux atrocités vécues étant tel que beaucoup ont gardé le silence pendant des dizaines d’années. Ce fut le cas de Louis Mutschler, qui depuis peu, a décidé de témoigner en posant ouvertement la question « Pourquoi nous a-t-on laissés à notre triste sort aussi longtemps ? ».

     

    80 ans après, Louis Mutschler témoigne en mémoire des incorporés de force

    Comme chaque 1er  novembre à Hindisheim, la commune rend hommage aux victimes et disparus des conflits passés. Cette année, dans le cadre du 80e anniversaire des incorporés de force de la Seconde Guerre mondiale, Louis Mutschler a témoigné.

    Témoignage

     
     
    Louis Mutschler, un ancien Malgré-nous, a témoigné de l’enfer vécu et a souhaité que cela ne se reproduise plus jamais.  Photo DNA

    Il se souvient de ce mois de janvier 1945 où il a été fait prisonnier par les Russes qui lui ont tout pris. Il a juste eu le temps de ramasser une photo de sa famille. Marchant avec de la neige jusqu’aux genoux et dans un froid glacial, il a été conduit avec ses compagnons d’infortune au camp de Wolkowisck.

    « Vers le 10e jour, on a dû se contenter d’une à deux tranches de pain sec »

    « Les 30 et 31 janvier étaient les deux jours des plus durs : beaucoup de prisonniers sont tombés dans la neige pour ne plus jamais se relever et ces morts remplissent la liste des disparus. Au camp, avec un camarade de Colmar, j’étais obligé d’apporter la soupe aux officiers allemands prisonniers comme nous. Au milieu d’une nuit, une grande fusillade éclata : c’était la nuit du 8 mai, la fin de la guerre. On nous a emmenés dans un camp de rassemblement pour être répartis. Le voyage devait durer une quinzaine de jours dans des wagons à bestiaux. Vers le 10e jour, on a dû se contenter d’une à deux tranches de pain sec, puis plus rien à se mettre sous la dent, uniquement un seau d’eau lors de nos arrêts en gare. Je me demande encore aujourd’hui comment je suis arrivé à faire les 5 km de la gare de Rada au camp 188. »

    « Étant reconnu apte au travail, je faisais partie du commando du bois qui sortait dans la forêt couper du bois avec des outils préhistoriques et ramener ce bois au camp pour la cuisine. En août, j’ai eu le typhus. J’ai survécu en pensant à ma chère maman. Je n’avais pas le droit d’abandonner la lutte car j’avais un devoir envers ma famille qui m’attendait. Le 29 octobre 1945, je suis rentré à la maison pour apprendre la plus mauvaise nouvelle : la mort de ma maman. Cette nouvelle a ruiné toute ma joie du retour de l’enfer de la guerre et de la captivité. Cette guerre a coûté la vie à environ 55 millions d’êtres humains, hommes, femmes et malheureusement des enfants. Je lance un appel aux générations futures de tout faire pour sauver la terre et pour qu’une telle tragédie ne se reproduise plus jamais ».

    Témoignage


    À la cérémonie du 1er novembre

    Les Hindisheimois sont venus nombreux, assister à la cérémonie durant laquelle un hommage a été rendu à deux compagnons de la Libération, Laure Diebold-Mutschler, secrétaire de Jean Moulin et Auguste Kirmann, né à Hindisheim, et dont une rue portera son nom. Les musiques patriotiques Le chant des partisans, la Marseillaise et L’hymne européen ont été interprétées par Musique Espérance Saint-Etienne.

    Deux enfants, Diego et Hugo, ont lu les noms des 50 personnes originaires de Hindisheim et décédées ou disparues lors des deux dernières guerres mondiales et lors de la guerre d’Algérie. Après le dépôt de gerbes par les sapeurs-pompiers et Pascal Nothisen, premier magistrat de la commune, puis par les anciens combattants, la cérémonie s’est terminée par l’interprétation de la chanson Il faudra leur dire de Francis Cabrel par les enfants et les chorales, comme un appel à la tolérance et à l’espoir.


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  • Un mois d'octobre fantastique (merci au réchauffement climatique) qui invite à voir notre région et celle de notre proche voisin, la Forêt Noire. Après La bibliothèque de sankt Peter, le Titisee et la ville de Freiburg, direction le Schwartzwald et sa route du coucou. La nouvelle journée démarre par l'Ecomusée de Gutach avec ses belles fermes.


    Le jour suivant, c'est direction Schiltach et ses magnifiques maisons à colombages. 

    De femme à chapeau à pompons (Bollenhut) comme celle-ci, ne comptez pas trop en voir, c'est un peu comme une alsacienne à nœud...introuvable. Es war einmal...

    A quelques minutes en voiture de Triberg, capitale allemande de l’horlogerie, et plus précisément à Schonach se trouve une fabuleuse curiosité, une horloge à coucou grandeur nature ! Du haut de ses 15 mètres, elle est devenue une véritable attraction touristique, on peut même entrer à l’intérieur afin de découvrir le mécanisme à la fois gigantesque et minutieux de l’horloge ! Cette dernière figure d’ailleurs dans le livre Guinness des records depuis 1984, et a été désignée la première plus grande horloge à coucou du monde en 2001 ! (depuis, plusieurs municipalités se disputent ce titre)

    Arrêt à St Georgen (ville de la marque Dual) pour la visite du musée du gramophone.
    En 1907 deux frères allemands, Josef et Christian Steidinger, fondent à Sankt Georgen en Forêt-Noire l'entreprise Gebrüder Steidinger, Fabrik für Feinmechanik ; Steidinger Frères, Mécanique de précision. En 1911 Christian Steidinger dirige seul avec quelques employés l'entreprise qui produira des composants de gramophone puis le mécanisme à ressort complet. Son nom actuel, Dual, vient d'une invention de l'ingénieur Emil Knecht commercialisée en 1927 ; un mécanisme dual d'entraînement du disque combinant un moteur électrique et un moteur à ressort. Ce dispositif permettait d'utiliser l'appareil n'importe où. Dans les années 1930 les gramophones entièrement électriques apparaîtront grâce à l'ingénieur Hermann Papst, préfigurant les futurs tourne-disques. Dual introduira également sur le marché des lecteurs de cassette audio et vidéo, des lecteurs de disque laser, des amplis et autres appareils Hi-Fi jusque dans les années 1990. 

    Le 1er réveil matin

    Et on finit à Furtwangen, au musée de l'horlogerie.


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  • Résumé :
    «C'est étrange, il me semble que les touristes qui regagnent leurs véhicules m'observent comme si, soudain, une veste recouvrait mes épaules, comme si mes galoches écrasaient encore les cailloux du chemin. Car si nous ne savons pas comment s'établit en nous le contact entre passé et présent, il n'en est pas moins vrai qu'un fluide imperceptible et puissant nous traverse parfois et que la proximité de cette atmosphère inhabituelle, insolite, fait tressaillir les autres comme une barque sur une vague soudaine. Il est peut-être resté sur moi quelque chose des jours d'autrefois.»
    Quarante ans après sa déportation dans le camp de concentration de Struthof, un Slovène, mêlé à la foule anonyme des touristes, revient sur les lieux de son martyre. Ce récit convoque, avec pudeur et humanité, des souvenirs douloureux. Au-delà du témoignage, ce livre est aussi un hymne à l'espérance.
     
    Un texte très fort, non pas pour des descriptions obscènes mais au contraire d'observations délicates, des liens entre détenus... il parle bien sûr de la faim, de la peur, du froid, de la maladie, de la mort mais avec une netteté de souvenirs sans amertume exacerbée ; une clairvoyance lavée et précise qui nous relate la vie dans ce camps plus méconnu que d'autres.
     
    Le portrait de Boris Pahor par Fabienne Issartel :

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  •  Les romans d'Amélie Nothomb, comme les feuilles mortes arrivent avec une belle régularité jamais démentie ; Ce rythme rapide n'enlève rien à la qualité des récits. La seule conséquence est le format réduit du texte, 160 pages en format broché. Moi qui aime les longs textes, je suis un peu dépité d'arriver si vite au bout. Car les histoires d'AN sont toujours fantastiques. Les sujets sont variés et les chutes inattendues. Pour une fois, j'opterais pour une année blanche, sans publication pour avoir un peu plus d'épaisseur. On peut toujours rêver...
    Je dois rajouter que son écriture est toujours claire et directe ; les descriptions précises mais courtes et centrées sur l'essentiel. Le vocabulaire, lui est toujours au-dessus de la moyenne, érudit mais pas prétentieux ni
    illisible.
    Proposer un livre de cette romancière me paraît difficile car ils sont vraiment différents et méritent un détour. "Premier sang" serait un excellent début.

    1/ Le livre des sœurs (2022)

     

     

    « Les mots ont le pouvoir qu’on leur donne »
     

    Pourquoi ce livre ?

    • Parce que ce roman, c’est l’histoire de Tristane. Fille de Nora et Florent, elle arrive au cœur de ce couple fusionnel. Elle n’a pas sa place, car dans l’amour que se portent ses parents, il n’y a pas de place pour aimer quelqu’un d’autre. Tristane se montre alors sage et discrète. Il n’est surtout pas question de se faire remarquer. Elle ne pleurera pas, comme on lui demande. Elle observe, écoute et apprends les mots. Les mots, c’est sa force à elle.
    • Parce que ce roman c’est l’histoire de Bobette, la sœur de Nora. Deux sœurs en totale opposition. Bobette a quatre enfants sans père, vit dans un HLM et admire Tristane, à l’instar de ses propres enfants qu’elle juge bêtes et sans intérêt. Tristane deviendra quelqu’un, elle est en sûre. Sa tante lui confiera même le rôle de marraine, pour sa cousine. Une mission que Tristane prendra très à cœur, une présence heureuse inespérée dans sa vie tourmentée.
    • Parce que ce roman, c’est l’histoire de Laetitia, la petite sœur de Tristane qui naît quelques années après elle. Pour cette dernière, c’est un torrent d’amour qui débarque dans sa vie. Elle va aimer sa sœur, tout faire pour elle, tout lui donner. Entre elles, c’est une évidence. Un amour fusionnel, passionnel.
    • Parce que ce roman, tantôt noir, tantôt joyeux, montre la force des liens qui peuvent unir deux sœurs. Mais pas seulement. On voit également comme des parents peuvent détruire des enfances, et faire perdre toute confiance en soi à des enfants. Ici on ne peut même pas reprocher aux parents de Tristane d’être mal aimants ou maltraitants. C’est juste l’absence totale d’amour et d’attention qui saute aux yeux. N’est-ce pas pire ?
    • Parce que ce roman, regroupe tout ce que l’on aime ou tout ce qui nous agace dans la plume d’Amélie Nothomb. Un humour un peu triste, des prénoms originaux (Tristane, ça lui va tellement bien quand on y pense), des situations un poil rocambolesques, l’utilisation d’un vocabulaire bien à elle, l’amour des mots et des lettres mis en avant, et des relations familiales toujours très torturées.
       

    L’intrigue. Le livre des sœurs, c’est l’histoire d’enfants, de filles, de femmes, de sœurs, de mères, de tantes, de cousines.

    Les personnages. Tristane, ses parents et sa sœur. Sa tante, sa cousine et cousins. Les amis d’école, les amoureux.

    Les lieux. La maison de famille. L’appartement de la tante.

    L’époque. Contemporaine.

    L’auteur. Doit-on encore présenter Amélie Nothomb ? C’est en 1992, alors âgée de 25 ans, qu’elle fait son entrée fracassante dans le monde des lettres avec son roman Hygiène de l’assassin. Elle enchaîne depuis les succès publics.

    2/ 

    « Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. »

    Sous la forme d’un conte, Amélie Nothomb raconte la vie de Patrick, son père, doux enfant angélique qui, jeune adulte, devra se confronter à la mort.
    Un magnifique hommage à la figure paternelle mais aussi à un héros de l’ombre, diplomate à la carrière hors norme.

    On ne choisit pas sa famille, c'est bien connu. Les Nothomb forment une clique un peu saugrenue. 

    Comme toujours, l'histoire est bien enlevée (plus que d'habitude ). 

    (je remarque que les histoires de "pères" sont nombreuses...)

    3/ 

    « La jeunesse est un talent, il faut des années pour l’acquérir. »Comme souvent, Amélie Nothomb évoque brillamment l’adolescence et ses tourments. Libération.Elle demeure inspirée. Son imagination fertile se déploie dans le domaine du merveilleux fantastique. Le Figaro.Amélie Nothomb conte avec cette légèreté féroce qui nourrit les plus drôles de ses romans. Le Point.

    Et voilà, le Nothomb 2020 est bien arrivé ! 
    Merci Marie ! 

    Le lecteur ne ressemble-t-il pas un peu au héros ? Le roman ne va-t-il pas réveiller celui-ci ? Lui ouvrir les yeux ?

    La grande question : Le livre serait-il dangereux ? 


    Toujours surprenante A.Nothomb...

     

    4/

     « La personne qui aime est toujours la plus forte. »

    Fidèle à son style fluide, léger, poétique, la romancière conduit son intrigue avec un bon sens du tempo. Jean-Luc Wachthausen, Le Point.Amélie Nothomb est une auteure affûtée, qui ausculte, de façon de plus en plus nette et précise au fil des ans et des livres, la cruauté des rapports humains. Nathalie Crom, Télérama.

    Et voilà, un an de plus et le nouveau Nothomb est arrivé juste à temps !

    Des prénoms épicènes  peuvent être à la fois masculins et féminins comme Michel /Michèle, voilà pour le titre.

    Sinon comme d'habitude chaque nouvelle est différente, très différente. Des tranches de vie toujours surprenantes...

    On ne s'en lasse pas.
    Cette fois, l'histoire d'une relation père/fille. 

    Merci MS

     

     

     

     

     

     

    5/ Encore une fois, la rentrée nous apporte un nouveau roman d'A. Nothomb. Habituellement ses histoires sont surprenantes, variées, à la chute inattendue. Cette fois, la trame est connue, c'est la passion du Christ. Donc, de ce côté, rien de nouveau. Là, où l'on est surpris, c'est dans l'écriture, le récit se déroule en effet à la 1ère personne. Cette forme est étonnante mais fraîche et vivante. On apprécie cette narration dynamique. Merci Marie !

    lecture soif nothomb ma petite librairie6/

     


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  • Le mois d'octobre est le plus beau mois en Alsace, disons qu'il est le trio de tête. Durant quelques jours, une vague d'or recouvre les coteaux puis les forêts des Vosges. 

    Une des belles étapes se trouve à Turckheim.

     

    Avant d'arriver à Niedermorschwihr, reconnaissable à son clocher vrillé.

    En ce mois d'octobre, les vendanges sont terminées, seul le raisin des "vendanges tardives" profite de ces magnifiques journées.

    En suivant la véloroute du vignoble, on aperçoit les murailles de beaux châteaux. Le plus emblématique étant le Haut-Koenigsbourg.

     

    Celui de Kientzheim est très beau. 


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  • Marius Meyer, né en 1917, instituteur, est incorporé de force à la Wehrmacht en 1942. Soldat et « malgré-nous » mais avant tout père de famille dévoué, il deviendra une figure essentielle de la lutte contre le nazisme, à cheval entre la France et l'Allemagne.

     

    Personne ne peut imaginer la situation abracadabrantesque des Alsaciens au siècle dernier. Annexée, l'Alsace devient allemande et certains hommes se battront contre les Français en 14-18. Au conflit suivant, ces mêmes hommes porteront l'uniforme français puis l'allemand. Dans certaines familles le père aura porté l'uniforme français et ses fils l'habit feldgrau. La situation sera plus compliquée encore chez  d'autres qui verront les leurs engagés sur des fronts opposés.
    Ici, nous suivons le journal précis de Marius né en 1917 qui a vécu ces changements. On le suit ainsi au fil des jours avec beaucoup de détails. Son entrée dans les études, dans sa formation d'instituteur puis son enrôlement. D'abord du côté français puis du côté allemand. Avec la progression du conflit, on le voit qui choisit clairement sa place. Il va chercher à s'opposer, à chercher des échappatoires, à résister contre cette armée qui enrôle vieillards et jeunes (mineurs à la fin 44). Un récit d'une grande précision.
    Un bel hommage d'un petit fils qui a mené cette enquête et a rapporté ces événements incroyables. A lire bien sûr. 
    Merci JP et Gene !

     


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  • Née avec le siècle dans un petit village des Hautes-Alpes, Émilie Carles est la seule, des six enfants de sa famille, à poursuivre ses études. Et à quel prix ! Pas question, chez ces paysans obligés de travailler d'arrache-pied pour survivre, de se passer d'une paire de bras valides. Les journées d'Émilie sont donc doubles : aux champs et à l'école. À seize ans, elle quitte sa vallée pour Paris, afin d'obtenir son diplôme d'institutrice. Monde nouveau, idées nouvelles. Revenue enseigner au pays, Émilie apprend à ses élèves la tolérance, le refus de la guerre et la fierté de leurs traditions paysannes...

    En 2022, personne ne peut réaliser la difficulté de vivre à la montagne un siècle plus tôt. Une vie dure, très dure. Emilie nous raconte sa vie dans les Hautes-Alpes....

     

     

     


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  • Maintenant qu'un plein d'essence coûte plus cher que 2 aller-retour pour Venise, 81 euros en l'occurrence, pourquoi ne pas en profiter et déambuler dans la ville aux 438 ponts, la Sérénissime ?

    Notre hôtel se situe à l'hyper centre, c'est hyper pratique quand même ! Nous prenons la navette depuis l'aéroport. La gondole bon entre canots à moteur, vaporetto, bateaux taxis et motorscafi, le romantisme est difficile à trouver sur les canaux.

    Sur le grand canal, ça roule dans tous les sens.

    Musée Peggy Guggenheim : Il était une fois Peggy Guggenheim. Excentrique, bohème, cette richissime américaine a connu, aimé, fréquenté tous les artistes du XXe siècle. Et surtout, elle était dotée d’un regard hors du commun. Peggy savait reconnaître le vrai talent et repérer entre toutes les toiles celles qui allaient marquer leur temps.

    En 1947, elle rachète à Luisa Casati le palais Venier dei Leoni. Construit en 1748 le long du Grand Canal, il est inachevé, un seul étage a été bâti. Elle en fait sa résidence et, après avoir présenté sa collection à la Biennale, l’installe dans sa demeure. Cette extravagante mécène y organisera ensuite les premières expositions italiennes de Jackson Pollock et de Mark Rothko. Après son décès, elle fait don de cette maison-musée à la fondation Solomon R. Guggenheim qui la gère depuis et qui organise à côté des toiles de Picasso, Léger et Mondrian, des sculptures de Brancusi et Calder, des expositions temporaires d’autres artistes.

    Des œuvres diverses dans un bel écrin et une atmosphère sereine.

    Belle vue depuis le campanile san Giorgio Maggiore.

    Il suffit de suivre les canaux et de se laisser surprendre.

    Impossible de réserver des billets en ligne quelques jours avant la date prévue, tout est pris. On fera donc la queue pour entrer dans Saint Marc. L'attente au final sera très courte, 20 mn si je me souviens bien.

    Un billet complet pour l'ensemble des trésors sera pris. La vue depuis la terrasse est sublissime.

    Et comme prévu, c'est vers 11h30 que le chœur est illuminé et que mosaïques et peintures se laissent admirer.

    La visite de l'expo (Marlene Dumas) dans le (beau) palazzo Grassi (collection Pinault) nous laisse sceptiques et pantois.

    Mon coup de cœur va au centre culturel européen à la villa Mora. Le lieu lui même est particulier avec ses petites salles, ses étages, ses recoins, un labyrinthe attachant, loin de l'alignement des salles d'exposition habituelles. Ensuite, ce qui est surprenant, c'est la variété des techniques, la profusion des formes, la diversité des œuvres dans cet environnement incroyable. Et pour ne rien gâcher, c'est la gratuité de la visite. 

    Le séjour, finira dans ce quartier agréable. Un coin à siroter paisiblement un spritz ou une bière...


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  • 11 septembre, la belle saison se termine, les troupeaux vont redescendre dans la vallée. A la ferme du Schiessroth au Gaschney, les vaches sont apprêtées ; les grosses cloches remplacent les cloches ordinaires et des décorations sont fixées entre les cornes. 

    Les cors des Alpes des Menschtertaler Alphorn Blöser et de l’Echo du Gaschney annoncent le prochain départ à la ferme.

     

     

    Un dernier coup de cor et c'est vraiment le départ ; le troupeau se met en route suivi par les nombreux randonneurs.

    Tout ce petit monde arrivera à Munster vers 16 heures sous un beau ciel d'azur.


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