• liberation lutterbach pfastatt  guerre mondiale

    Tous les 5 ans, Lutterbach et Pfastatt fêtent la Libération de 1945. Cette année est un peu particulière puisqu'il s'agit du 70e anniversaire. Tout le week-end est émaillé d'événements : exposition de véhicules, d'objets et de photos, rencontres avec les libérateurs, prières, dépôts de gerbes etc...

    Samedi matin, alors que la pluie tombe drue, de nombreuses personnes se pressent dans les caves de la brasserie de Lutterbach. La mairie et 4 associations locales ont préparé cette manifestation.

    C'est dans ces caves que 1.800 habitants s'étaient réfugiés le 22 novembre 1944 et vécurent dans des conditions difficiles jusqu'à la Libération par la 1ère Armée Française le 20 janvier 1945. 

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    L'accueil par l'adjoint au maire de Lutterbach marque le début  des festivités suivi du représentant de l'association de l'Histoire de Lutterbach et du premier magistrat de la commune.

    Après un bref rappel des événements et du programme du week-end,celui-ci ne manque pas de faire le lien avec l'actualité et "le fanatisme et le terrorisme contre lesquels nous devons nous battre".

    A la fin de l'allocution une dame nous remercie, sincèrement pour ces manifestations et l'accueil chaleureux réservé aux Libérateurs. 

    Cette dame, Ange-Marie,  accompagne l'un d'entre-eux, son papa, aujourd'hui âgé de 91 ans (au centre de la photo) ! 

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    C'est ainsi que nous faisons la connaissance de Don Jacques Finidori dit Jojo, de la classe 23 qui après la libération de Lutterbach a continué la marche vers l'est, l'Allemagne et l'Autriche.

    Sitôt l'armistice signée, le soldat Finidori s'est retrouvé à Saïgon. Ce conflit était compliqué dira-t-il. En Indochine est née, Ange-Marie.

    Un 3e grand conflit attend le soldat Finidori : l'Algérie.

    Après 23 années passées à servir son pays, dans des conflits très différents mais tous terribles, le Libérateur entame une retraite paisible dans son petit hameau de Corse.

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    Le beau-frère accompagne Ange-Marie. Lui est arrivé en France en 1976.

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    Certains Libérateurs nous confient le plaisir d'être à nouveau là, d'être reçus par les Alsaciens. Quelques-uns nous disent aussi qu'ils comprennent la situation particulière de notre région lors du conflit et le cas singulier des Malgré-Nous. Sentiment pas toujours partagé par tous dans le reste du pays.  

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    Etre avec leurs compagnons d'armes est aussi une nécessité pour ces hommes et même un moyen de dopage; pourtant l'un d'entre-eux manque à l'appel aujourd'hui, il a disparu il y a quelques semaines.
    Venus à 30 lors de la dernière commémoration, ils ne sont plus que 13 présents ce week-end.
     

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    Toute la troupe a entonné la "coloniale" (le chant de leur compagnie) et a pris rendez-vous pour la commémoration des 75 ans. Nous le lui souhaitons.

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    Top secret !

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    La journée continue...

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    La place "du platane", juste en face de la place des Libérateurs.

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    Ce dimanche matin, place des Libérateurs, juste après la prière. Le soleil est au rendez-vous mais du coup les températures ont dégringolé, les gelées sont apparues, le sol est bien brillant.

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    La première partie est terminée, direction le monument aux morts de Pfastatt.

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     On se souvient des camarades.

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     La sonnerie aux morts.

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    On retourne devant le monument aux morts, plusieurs familles font remarquer que certains noms n'y figurent pas. En se rendant sur le lieu des combats, il s'avère que ceux-ci se sont bien déroulés sur Pfastatt et non sur le village voisin comme on le pensait. Les noms des combattants seront donc rajoutés sur la stelle de Pfastatt. 

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    La coloniale pour la 7e fois !

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    Après cette cérémonie, direction, la salle polyvalente pour le repas. Bon pied, bon œil, on s'y rend sans le bus.

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    Nous retrouvons les trois compagnons devant une choucroute, comme il se doit. Le repas (excellent, organisé avec méthode par la municipalité de Pfastatt et servi avec efficacité par des bénévoles) nous a permis d'entendre les "histoires" des nos Libérateurs. Les 3 compagnons ne se quittent pas : la Corse, Paris et le Maine et Loire réunis pour un week-end comme autrefois. 

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    Nous apprendrons comment s'est déroulée cette campagne, la mémoire est intacte, le nom des camarades, des lieux, les dates; rien n'est oublié. Ils sont fantastiques ! Quantité de détails leur revient. Le sentiment que la campagne d'Allemagne fut facile, "on avait 18, 20 ans et on n'avait pas peur", et puis, "la résistance assurée par de très jeunes garçons ou des vieillards en Allemagne, n'était pas de taille à arrêter l'avancée des alliés". Des souvenirs aussi, d'une population allemande contente de voir la fin des hostilités et des sacrifices. Cette population civile qui devait malheureusement subir le feu de cette avancée jusqu'au dernier jour.
    De cette campagne hivernale en Alsace, des souvenirs de froid bien sûr, de vêtements mouillés et raidis par le froid. L'absence de confort aussi, 21 jours sans se laver, sans se changer. Le souvenir marquant de la traversée du Rhin sur un petit canot à moteur...

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    Un dernier discours, une dernière chanson, une dernière photo.

    Ces deux journées ont été appréciées par tous : les anciens et leurs accompagnateurs qui ont ressenti beaucoup de chaleur et de reconnaissance de la part des Lutterbachois et des Pfastattois lesquels, à travers ce moment de partage ont appris à connaître ces hommes et l'histoire de leur région il y a 70 ans. Un moment inoubliable. 


    70ème anniversaire de la Libération - 18 01...       par        mairie  

    70ème anniversaire de la Libération - 17 01 2015   par   mairie

    Ici, les images du 65e anniversaire :


    65eme anniversaire Libération Pfastatt...    par   mairie  

    Journal " L'Alsace" du 20 janvier 23 :

    Emmanuel JOB

    Cernay : journée tragique pour les commandos d’Afrique

    Le 21 janvier 1945, les commandos d’Afrique récemment incorporés au 3e groupement de bataillon de choc se lancent dans les combats de la libération de Cernay, dans le cadre de la bataille de la «  Poche de Colmar  ». Sur un effectif d’environ 650 hommes, meurent sur le terrain 189 soldats et on déplore près de 200 blessés face à des soldats allemands, certes aux abois, mais mieux équipés.
     
    Cadavres de tirailleurs marocains dans la région de Cernay.  DR
     

    Les commandos d’Afrique sont créés en Algérie en 1943 et comptent au début une forte proportion de volontaires nord-africains. Ils bénéficient d’un entraînement spécialisé dans les actions de guérilla.

    Au lendemain de la bataille de Cernay, quelques rescapés du 4 e commando.DR

    Début janvier 1945, ils deviennent le 3e groupement de choc. Cantonnés à Giromagny, ils vont s’avancer jusqu’à Schweighouse. C’est dans la nuit glaciale du 20 au 21 janvier 1945, alors qu’une intense tempête de neige fait rage, que le signal de départ est donné pour occuper les quartiers sud et est de Cernay. À la ferme du Lutzelhof, à l’ouest de Saint-André, le PC est installé vers 3 h du matin. À gauche et à droite des commandos, se trouvent des unités de tirailleurs marocains. Dans la forêt du Nonnenbruch, en colonne deux par deux, les commandos avancent difficilement dans la neige de plus en plus épaisse, évitant les chemins minés par les Allemands.

    Quelques élément des commandos d'Afrique à l'affût dans la forêt du Nonnenbruch. DR

    Ambiance singulière

    L’orientation est difficile, mais les tirailleurs, contactés, ne signalent rien de particulier sur cet axe de progression. C’est dans une ambiance singulière, sans un seul coup de feu, que la route de Mulhouse (N66) est traversée. L’antique voie romaine est ensuite longée. On avance ainsi à tâtons, sans un mot, jusqu’à la ligne de chemin de fer Thann-Lutterbach, où le passage à niveau n°9 constitue le premier objectif.

    Mais voilà, de l’autre côté de la voie ferrée qui forme un élément défensif redoutable, au niveau de la maison du garde-barrière, les Allemands bien qu’affaiblis, ont eu le temps de se réorganiser. De plus, c’est justement par là qu’ils comptent contre-attaquer et concentrent leurs forces. Les deux camps ont choisi le même axe d’attaque. Mais cela, les Français l’ignorent…

    À proximité du pont d'Aspach, au matin du 20 janvier 1945. DR

    Combats d’une violence inouïe

    Les commandos de choc débouchent devant la voie ferrée, sur une étendue plane de 500 m sur 250 m, recouverte de plusieurs dizaines de centimètres de neige, sans aucune protection. Il est environ 6 h. La patrouille envoyée vers la maison du garde-barrière est brusquement accueillie par des rafales de mitrailleuses qui déchirent la nuit noire. Puis c’est un feu d’enfer qui se déclenche en direction du glacis. Les hommes des commandos sont maintenant dispersés à plat ventre dans la neige, sans protection, de part et d’autre du chemin. Face à eux, déterminés, les soldats allemands du 201e bataillon de chasseurs de montagne, le 99e bataillon de réserve, des éléments de la 280e brigade avec deux canons automoteurs, le tout soutenu par quelques chars lourds. Les commandos sont surpris, mais vont se défendre de toutes leurs forces. Les canons et les chars sont distants d’à peine 200-300 m et tirent quasiment à bout portant. De toutes les ouvertures de la maison du garde-barrière retentissent des tirs d’armes automatiques. Les hommes en tête s’effondrent en nombre, morts ou horriblement blessés… Les Allemands vont tenter d’encercler les commandos. Toute la journée les attaques se succèdent. À sept reprises, les commandos vont repousser à coups de grenades et de corps à corps les attaques ennemies. Les blessés les plus valides sont évacués tant bien que mal vers le Lutzelhof.

    À la ferme du Lutzelhof, l'après-midi du 21 janvier 1945.   DR

    De fortes pertes côté allemand

    Les Allemands subissent aussi de fortes pertes qu’il n’a pas été possible de chiffrer. Les conditions sont dantesques et les combats particulièrement violents et sanglants. À 17 h, c’est le repli sous la protection de l’artillerie et des chars appelés en renfort. Comme si cela ne suffisait pas, il se pourrait, selon certains témoignages, que plusieurs dizaines de blessés aient été achevés par les Allemands après le retrait des commandos. Dans cette bataille d’une journée, le 3e groupement de bataillon de choc laisse sur le terrain 189 morts, 193 blessés, et plusieurs disparus, quelques jours avant la libération définitive de Cernay, le 4 février 1945. Le 19 janvier 1947 sont inaugurées deux stèles : la première près de la maison du garde-barrière en ruine et qui sera finalement rasée (à l’angle de la rue des Romains et de la rue de l’Industrie) ; une seconde au bord de la voie rapide. Elles sont les répliques miniatures du monument élevé à Rayol-Canadel-sur-Mer (Var), là où les commandos d’Afrique avaient été les premiers à débarquer dans la nuit du 14 au 15 août 1944. Une plaque commémorative est également visible à la ferme du Lutzelhof. Les trois petits monuments sont là pour nous rappeler que des hommes sont morts, à nos portes, dans des conditions terribles, pour libérer notre région de l’occupation nazie.

    SOURCES Témoignages et photographies d’Henry Beraud et Pierre Maillot, anciens commandos. Brochures sur les 20e et 40anniversaire de la libération de Cernay. « La bataille d’Alsace, 50 e anniversaire », Société d’Histoire de Cernay, 1994.

    Thann - Des Alsaciens-Lorrains dans les commandos d’Afrique

    Le 25 août 1942, le gauleiter Wagner décrète la mobilisation des Alsaciens-Lorrains. Ils sont enrôlés dans l’armée allemande «  malgré-eux  ». Versés sur le front est, beaucoup se retrouvent prisonniers des Russes dans le tristement célèbre camp de Tambow. 1500 d’entre eux seront libérés courant 1944 et se retrouveront après un incroyable périple, en Algérie. Parmi eux, 600 hommes se porteront volontaires pour les commandos, 200 seront élus et 70 rejoindront les troupes du lieutenant-colonel Bouvet à la tête des commandos d’Afrique et participeront à la bataille du 21 janvier 1945.

    Emmanuel  JOB

     

     


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