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    Les Malgré-elles, reconnues à travers une exposition au Mémorial de Schirmeck

    le 02/06/2013 à 05:00 Textes : Yolande Baldeweck Photos : Jean-Marc Loos Vu 177 fois
     
    Des images souriantes, souvent trompeuses, à but de propagande.

    Des images souriantes, souvent trompeuses, à but de propagande.

    Les femmes ont longtemps été les oubliées du drame de l’incorporation de force. Une exposition au Mémorial d’Alsace-Moselle leur rend un juste hommage.

     

    « Si 2012 a été l’année des hommes, avec la célébration du 70e anniversaire du décret sur l’incorporation de force dans l’armée allemande, 2013 sera l’année des femmes » , a relevé le président du Syndicat mixte du Mémorial d’Alsace-Moselle, Alain Ferry. L’ancien député s’est souvenu des multiples interventions des parlementaires alsaciens pour que justice leur soit rendue. Pour Germaine Rohrbach, présidente de l’Association RAD-KHD (lire ci-contre), ce fut le combat de sa vie…

    Germaine, dont la ténacité a été saluée par le président du conseil régional, Philippe Richert, était présente lors de l’ouverture de cette exposition qui vise à faire connaître le sort « des oubliées parmi les oubliés ». D’autres de ses compagnes d’infortune étaient venues à Schirmeck, curieuses de retrouver les traces de cet enrôlement, vécu pendant leur jeunesse. Bien « malgré-elles » , pour reprendre l’expression de Nina Barbier, auteure de l’ouvrage et réalisatrice du documentaire du même nom. Cette fille d’une incorporée de force dans le RAD-KHD a été co-scénariste aussi du film de fiction, qui a fait découvrir le drame des Alsaciennes au public français.

    1 500 documents

    Enfin, Nina Barbier est à l’origine, avec Liliane Hoffmann, de l’exposition du Mémorial de Schirmeck. C’était un projet qui tenait aussi à cœur à son équipe, Barbara Hesse, la directrice, et Sabine Bierry, chargée de communication. Elles espèrent toucher les familles à travers des animations spécifiques, cet été.

    « À la suite de l’accord de 2008, sur l’indemnisation des RAD et KHD, nous avons rassemblé 1 500 documents originaux, dont de nombreuses photos et documents administra-tifs pour rendre hommage à ces femmes restées silencieuses. Le choix n’était pas facile » , explique la commissaire de l’exposition, Liliane Hoffmann.

    De nombreuses images de propagande – souvent idylliques – rappellent d’emblée la place de la femme dans l’idéologie nazie. À 14 ans, les filles intégraient le Bund Deutscher Mädel – branche féminine des Jeunesses hitlériennes. Endoctrinement et éducation ménagère allaient de pair. À 17 ans, elles intégraient le RAD, service de travail du Reich. « Pour les Alsaciennes et les Mosellanes, il y avait aussi l’objectif de les mettre au pas, de les germaniser et de les nazifier » , souligne Liliane Hoffmann. Et d’observer qu’ « au moment de l’incorporation dans le RAD, elles se réconfortaient par la camaraderie, y compris avec des filles allemandes ». Isolées ou en minorité dans les groupes, logées souvent dans des camps, les Alsaciennes portaient l’uniforme comme les Allemandes et devaient prêter serment sur le drapeau nazi. Leurs journées étaient rythmées par un emploi du temps strict.

    Comme un album photo

    Mais le pire était à venir, avec le KHD, le Kriegshilfsdienst. Auxiliaires de guerre, elles ont été versées dans la défense passive, les usines d’armement, les hôpitaux ou les transports urbains. Certaines se sont retrouvées – selon leur niveau d’études et leur connaissance de l’allemand – au service de la Wehrmacht, dans la défense aérienne, voire la Kriegsmarine. Toutes ont en mémoire la peur des bombardements alliés. « On ignore toujours combien d’Alsaciennes ont été tuées lors des attaques aériennes » , déplore Liliane Hoffmann qui en appelle aux familles…

    Pour prendre en compte les deux versants de l’histoire, RAD et KHD, la scénographie de la rétro-spective s’organise autour d’un faisceau de lignes qui convergent et amènent le visiteur au centre du hall. Une table multimédia précise le contexte historique.

    Pour la scénographe Cécile Huet (01 Studio), l’exposition – qui est avant tout visuelle, avec des effets sonores – se présente comme « un grand album photo dont les pages se tournent une à une ». Il s’agit d’abord d’un hommage aux Malgré-elles. Mais cette plongée dans l’Histoire vise aussi les jeunes générations qui découvriront ce que leurs grands-mères ne leur ont peut-être jamais raconté. L’occasion de nouer un dialogue. « Redde mr devun ! »

    Y ALLER Exposition (gratuite) jusqu’au 30 décembre, tous les jours de 10 h à 18 h, dans le hall du Mémorial de l’Alsace-Moselle.

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