• Après une bonne nuit à Amman, cette première journée est consacrée à la visite d'un site incroyable, énorme. Plus beau (?) que Perge peut-être; plus grand, mieux conservé que d'autres sites siciliens ou grecs. 
    Notre auto, remplacée durant la nuit par notre loueur se montrait bien véloce et agréable avec sa boîte automatique. La vitre voulait bien monter et descendre.  Seul hic, nous n'avions pas trouvé de monnaie locale dans les banques de la ville; seules les agences de change procèdent à cette opération. Ce que nous finirons par trouver à Gérasa.

    Une pluie fine n'entamait guère notre enthousiasme matinal. 

    Gérasa a été fondée à la fin du ive siècle av. J.-C.. Ses habitants ont prétendu que la ville avait été fondée par Alexandre le Grand en faveur de vétérans de son armée. 

    La ville fit partie de la Décapole. Elle fut conquise en 84 av. J.-C. par Alexandre Jannée qui y est mort en 76 av. J.-C. pendant le siège d'une forteresse voisine, Régaba. Elle est prise par le nabatéen Arétas III en 73 av. J.-C., et enfin par les Romains (Pompée) en 63 av. J.-C.. Ces derniers en firent une ville opulente : Gérasa reçut même la visite de l'empereur Hadrien en 129.

    Gérasa devient siège d'un évêché au IVe siècle. Elle est ensuite pillée par les Perses en 614, puis les Arabes en 635. Elle subit ensuite plusieurs tremblements de terre, dont le plus dévastateur fut probablement celui de 747-748, qui affecta violemment de nombreuses autres villes de la région. Le coup de grâce lui fut donné par les affrontements entre musulmans et croisés lors des croisades, où le temple d'Artémis fut transformé en forteresse par les Arabes.

    Le macellum ou marché, probablement le plus beau monument de la ville avec le nymphée (bassin recevant une source considérée à l'origine comme sacrée) dédié à la Tyché (la divinité tutélaire de la fortune, de la prospérité et de la destinée d'une cité) était un lieu central pour le commerce, fortement présent dans la cité, comme on peut le voir d'après les nombreuses boutiques qui bordent les rues, notamment au pied du sanctuaire d'Artémis.

    L’essor du christianisme, à partir du IV° siècle,  va initier un nouvel élan pour la ville de Jerash avec la construction d’églises et la création, au VI° siècle, sous l’empereur Justinien, d’un grand ensemble qui regroupe une cathédrale et des églises (Saint Côme et Damien, Saint Jean-Baptiste, Saint Georges et Saint Théodore) à proximité du temple d’Artémis (ci-dessus). Au IVe siècle, la communauté chrétienne était nombreuse et on a retrouvé les traces de treize églises aux sols recouverts de mosaïques, dont une cathédrale, la cathédrale Saint-Théodore. On a trouvé aussi les restes d'une synagogue de la même époque, située au nord-ouest du sanctuaire d'Artémis

    Le forum ovale est sans doute le plus grand forum de l'Empire romain : faisant à la fois office de place publique, d'agora et de marché (de nombreuses boutiques ont été retrouvées à ses abords), c'est un élément architectural essentiel de l'urbanisme de la ville puisqu'il permet, par un effet de style, de faire la jonction visuelle entre le cardo maximus et le sanctuaire de Zeus qui, grâce à la forme particulière de la place ovale, semble se trouver dans la continuité de la voie principale de la cité.

    Les deux théâtres : un théâtre au nord de la ville, l'autre au sud, situés respectivement à côté des sanctuaires d'Artémis et de Zeus. Ces théâtres ont été remarquablement bien restaurés et accueillent des spectacles locaux, généralement en période estivale.


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  • Direction les tombeaux royaux. Le vocable de tombeaux royaux regroupe plusieurs tombeaux troglodytiques et monumentaux, taillés dans le djebel al-Khubtha. Parmi ceux-ci, on retiendra le tombeau à l'Urne, dont la salle principale de 300 m2 fut transformée en église à l'époque byzantine ; le tombeau corinthien malheureusement très endommagé par les outrages du temps ; le tombeau à étages, aux dimension démesurées ; le tombeau de Sextius Florentinus, gouverneur romain, plus récent. Le veinage du grès, aux multiples teintes, donne aux façades sculptées une grande majesté et offre aux salles intérieures un décor élégant.

    A la hauteur du nymphée, mais sur le côté droit du ouadi, une église a été fouillée recemment révélant la présence d'un magnifique pavement de mosaïques à motifs animés dans chacune des ailes latérales,avec notamment des personnifications des saisons, de l'océan, de la terre et de la sagesse. Cette église est datée de la fin du vème siècle et pour sa construction il fut largement fait appel à du matériel de remploi, comme pour la plupart des bâtiments de l'époque Byzantine.

    Le dernier de ces grands tombeaux est situé immédiatement sur la gauche du tombeau Corinthien et doit appartenir à la seconde moitié du 1er siècle. Il s'agit de la palace tomb (tombe palais), ainsi nommée en raison de sa façade qui est la plus vaste de Pétra et rappele celle d'un palais baroque. Ce monument est également connu sous le nom de Tombeau à étages car il supporte trois registres superposés, le dernier partiellement construit. Le niveau inférieur comprend quatre portes encadrées par des pilastres de type Nabatéen supportant des frontons triangulaires ou arqués, et l'on a fréquemment rapproché ce décor de celui des murs de scène de théâtre mais aussi des façades de certains palais orientaux d'époque hellénistique. Les niveaux supérieurs, qui ne présentent aucune symétrie avec le rez de chaussée et sont d'ailleurs séparés de celui-ci par un bandeau et une corniche, sont ornés de dix-huit quarts de colonnes pour le premier registre et de pilastres pour celui du dessus. Les quatres portes de rez de chaussée donnent chacune accès à une salle funéraire, trois de celle-ci communiquant entre elles. Il est possible qu'au moins une de ces salles, notamment la deuxième en partant de la droite, ait été utilisée comme triclinium pour des banquets funéraires.

    A une courte distance du tombeau à urne, se trouve le second tombeau monumental dit tombeau corinthien. Sa façade exposée au vent et au sable a malheureusement souffert de l'érosion, si bien que par endroits, tout relief semble avoir été effacé. En dépit de ces dégradations, pour le visiteur qui arrive du siq, la ressemblance de ce tombeau avec la Khazneh est évidente mais on remarque aussi que sa composition est beaucoup plus lourde et que les deux registres ne semblent pas être en harmonie. L'étage supérieur, avec sa cour à portiques entourant une tholos, est directement inspirée par la Khazneh mais il en diffère par son aspect uniquement architectural, dépourvue de toute figure animée. Le niveau inférieur, qui ressemble à celui de la tombe du triclinium, à l'entrée de Pétra, est monté sur un podium et orné de huit colonnes engagées, coiffées de chapiteaux à enroulements végétaux.

    Sur la paroi rocheuse au nord-est du théâtre est visible une série de splendides tombes royales, construites entre le Ier et le IIè siècle ap J-C. La tombe à l'urne, réalisée probablement pour le roi Malichos II, autour de l'an 70 frappe par sa hauteur et sa profondeur. La façade est constituée d'un pronao formé de quatre colonnes adossées, surmontées d'un entablement, un attique, à présent très érodé, un deuxième entablement et un fronton triangulaire terminé par une frise qui a, justement, la forme d'une urne. La tombe est précédée d'une place flanquée d'une colonnade soutenue et praticable grâce à une rampe sur arcades réalisée en maçonnerie et partiellement restaurée.

    L'entrée du défilé qui maintenant est dans l'ombre.

    Il est 16 heures, le soleil décline et les falaises se teintent de rose. Le vent s'est levé dans le sik, les pieds sont douloureux mais les yeux sont remplis d'images inoubliables. Il reste 2 km jusqu'à l'entrée; envie d'une carriole ou de profiter du défilé ? Allez profitons de ces dernières minutes...

    Une bière après cette longue marche ? Mais non ! Vous n'en trouverez pas une seule dans toute la ville. Chaque pays a la sienne, la Efes,Tsingtao, Cristal, Asahi, Peroni, Ursusla, Ozujsko, Estrella....mais pas la Jordanie...


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  • Sur l’unique chemin qui mène au Deir alternent sentiers étroits et séries de marches (mais il est possible de louer les services d’un âne ou d’un mulet). Il s’agit de l’ancienne voie de procession qui présente de superbes points de vue sur des paysages grandioses et sur la ville basse. Tout le long du chemin on bénéficie d’une vue privilégiée sur les failles et les parois.

     

    Après 45 minutes le chemin débouche enfin sur une vaste esplanade au fond de laquelle apparaît le monumental temple du Deir. Sa façade, sculptée majestueusement dans le grès jaune d’une épaule rocheuse, est colossale (47 m de large sur 45 m de haut) et son style rappelle le Khazneh (le Trésor), sauf que le Deir n’est pas un tombeau mais un lieu de culte. D’ailleurs son nom : « Deir », signifie Monastère ou Couvent. En effet des moines de l’époque chrétienne étaient installés ici et certains y habitaient encore au XIII° siècle.

    Le Deir reprend le style et la composition du Khazneh :
     - au chapitre inférieur, 8 colonnes à chapiteaux (6 pour le Khazneh), de style ionique, encadrent la porte centrale.
     - à l’étage supérieur, comme au Khazneh, un Tholos (édifice circulaire, à destination funéraire ou religieuse) est coiffé d’une urne monumentale de 9 mètres de haut et est entouré de deux pavillons latéraux à demi fronton.

    monastère petra jordanie schnoebelen

    Plusieurs "points de vue" avec gargote proposant le thé.

    Bon, je vais me mettre sur la scène, histoire de donner une idée des proportions...

    Et c'est déjà l'heure de redescendre.

    Le spectacle sur les sommets enneigés au travers de ces crevasses escarpées est magnifique.

    A nouveau la ville basse.


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  • C'est Le grand jour, le jour de la visite tant attendue, la visite de Pétra. Bon, un grand panneau d'affichage a failli avoir raison de ma boîte crânienne et tout annuler mais passons... Il est 8 heures 30, il n'y a pas grand monde, seul un groupe de Coréens s'apprête à démarrer. On ne les reverra pas; comme pour beaucoup de touristes, la visite se limite au Trésor.

    De ce côté de la ville, il n'y a pas de neige, étonnant. Il fait bon. Bonnet, gant, pull, grosse veste vont finir dans le sac.
    Depuis le guichet d'entrée, cette voie nous amène jusqu'au sik, le long défilé de 1200 mètres qui aboutit au fameux trésor. Les carrioles vous y emmènent directement, mais ce serait un tort, le paysage est magnifique.

    La région de Petra est occupée depuis le VI° millénaire avant J.C par des éleveurs cultivateurs du néolithique qui profitent de sa situation favorable (extrémité sud du croissant fertile) et de conditions climatiques plus propices qu’aujourd’hui. Puis, au VIII° siècle avant J.C, les nomades Edomites s’installent sur le site de el-Beida.
    Ils sont éclipsés par les Nabatéens, un autre peuple de nomades, originaires de la Péninsule Arabique, qui apparaît vers le VI° siècle avant J.C et s’installe en terre Edomite (sud et centre de la Jordanie actuelle) au V° siècle avant J.C, d’abord à Gaïa (actuel village de Wadi Moussa), puis à Petra. Ils se sédentarisent peu à peu et vont assurer leur prospérité en maîtrisant les routes commerciales, entre Orient et Occident, et en développant le commerce de la myrrhe, de l’encens et des épices, denrées précieuses à cette époque.
    Mais dés le IV° siècle avant J.C, les richesses nabatéennes attisent la convoitise des Macédoniens. Or le site de Petra offre de multiples avantages. En plus de sa position, au carrefour des routes commerciales entre Arabie, Egypte et Méditerranée, Petra, invisible parmi les massifs montagneux, bénéficie d’une situation naturelle facile à défendre, aussi lorsque les successeurs d’Alexandre le Grand attaquent la capitale, les Nabatéens sauront résister.

    C'est ici que démarre le sik, une gorge étroite de plus d'1 kilomètre de long, délimitée de part et d'autre par d'abruptes falaises qui s'élèvent à plus de 80 mètres. Le siq offre à lui seul une expérience unique au voyageur. Des couleurs étonnantes se succèdent sur ses formations rocheuses. Et lorsque le promeneur atteint l'extrémité du défilé, il découvre Al-Khazneh (« le Trésor »). 

    L'eau est présente dans le défilé, la neige fondue certainement.

    Et voilà, ce fameux trésor.

    Souvent décrite comme la huitième merveille du monde, Pétra est sans conteste le plus précieux fleuron de la Jordanie et son site touristique le plus fréquenté. Vaste cité taillée dans la pierre par les Nabatéens

    Ce Trésor n'est que l'un des nombreux joyaux qui composent le site de Pétra. Quatre à cinq jours sont nécessaires pour explorer entièrement cette fabuleuse cité. La beauté naturelle de ce site et son architecture étonnante frappent tous ceux qui pénètrent dans la vallée de Pétra. La cité regroupe des centaines de tombeaux savamment creusés dans la roche, aux motifs compliqués. Contrairement aux habitations, dont la plupart ont été détruites par des séismes, les tombeaux ont été construits pour traverser les âges. Il en reste près de 500, tous vides, mais néanmoins envoûtants de par l'atmosphère mystérieuse qui se dégage de leurs ouvertures sombres. 

    Le soleil pénètre lentement dans le défilé et éclaire la merveilleuse façade.

    Pétra 1: Le matin

    Après le trésor, le défilé s’élargit et la « Rue des Façades » longe d’autres tombeaux plus anciens dont le « Tombeau aux 17 tombes », puis le chemin débouche sur le théâtre romain. 

    Contrairement à la tradition, le théâtre n’est pas construit à partir de blocs de pierre, mais creusé dans la roche par les nabatéens (et non les romains). En face se succèdent une série de tombeaux royaux aux dimensions spectaculaires.

    petra schnoebelen

    Le Cardo ou rue à colonnades et l’arc monumental. Après les falaises, la ville basse est une partie très en ruine de Pétra car, construite en pierre, elle a subi les tremblements de terre de 550 après J.C.

    Comme dans toutes les villes romaines on y trouve une grande et large voie pavée (Cardo Maximus), appelée ici la « Rue à Colonnades », des thermes et un temple. Ce « Temple Sud », Nabatéen, se caractérise par les restes d’un escalier monumental. La rue à colonnades se termine par l’ « Arc Monumental », une grande porte en pierre, décorée et postérieure au Cardo (II° siècle).

    Le site est immense et les pieds vont souffrir. La journée finira par la visite des églises à gauche, sur la butte et des tombeaux que l'on voit ici en face.

    Le Qasr el-Bint, en face, appelé aussi « le château de la fille du Pharaon », et qui date de la fin du I° siècle, était en fait un temple d’aspect Gréco-romain consacré à Dushara, le dieu principal de Petra. Seul à ne pas avoir été sculpté dans le roc, c’était le bâtiment religieux le plus important de Petra.

    L'autre côté des tombeaux étant à l'ombre, il est préférable de grimper au monastère. Le chemin démarre ici, 800 marches vous attendent...

    On vous proposera 10 fois de vous monter au monastère sur le dos d'un âne.

     

     


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