- Par Loïc Laubriat
- Publié le 03/06/2013 | 11:33
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Second passage à Ronchamp (les photos sont de juin 13 et de février 16)
La chapelle Notre-Dame-du-Haut est une chapelle construite de 1950 à 1955 sur la colline de Bourlémont à Ronchamp en Haute-Saône, dans la région française de Franche-Comté. C'est une création de l'architecte franco-suisse Le Corbusier. Elle est érigée à l'emplacement d'un ancien sanctuaire romain et d'une ancienne chapelle reconstruite une première fois dans l’entre-deux-guerres.
La demande de classement des œuvres de l'architecte Le Corbusier (1887-1965) au patrimoine mondial de l'Unesco a subi un nouveau revers (juin 2013).
Le 25 juin 1955, jour de l’inauguration, Le Corbusier remet la chapelle à l’Archevêque de Besançon, Monseigneur Dubois, en lui précisant : « Excellence, en bâtissant cette chapelle, j’ai voulu créer un lieu de silence, de prière, de paix, de joie intérieure. Le sentiment du sacré anima notre effort. Des choses sont sacrées, d’autres ne le sont pas, qu’elles soient religieuses ou non. Nos ouvriers et Bona, le contremaître, Maisonnier de mon atelier, 35, rue de Sèvres ; les ingénieurs et les calculateurs, d’autres ouvriers et des entreprises, des administrateurs, Savina, ont été les réalisateurs de cette œuvre difficile, minutieuse, rude, forte dans les moyens mis en œuvre, mais sensible, mais animée d’une mathématique totale créatrice de l’espace indicible.
Quelques signes dispersés, et quelques mots écrits, disent la louange à la Vierge. La croix – la croix vraie du supplice – est installée dans cette arche ; le drame chrétien a désormais pris possession du lieu. Excellence, je vous remets cette chapelle de béton loyal, pétrie de témérité peut-être, de courage certainement, avec l’espoir qu’elle trouvera en vous comme en ceux qui monteront sur la colline, un écho à ce que nous y avons inscrit. »Empreinte de coquillage dans une des portes.
<< Le site de la Fondation Le Corbusier >>
<< L'Association propriétaire du site, l'AONDH >>
Le monastère Sainte Claire conçu par Renzo Piano.
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St Léon IX : Bruno d'Eguisheim est né à Eguisheim. Fils du comte Hugues IV et de Heilwige, fille du comte de Dagsbourg-Dabo. Ses parents construisirent deux abbayes: à Woffenheim (Ste Croix en Plaine), à l'Oelenberg (Reiningue) et vers 1029, le château du Wahlenbourg aux Drei-Exen. Bruno est Evêque de Toul à l'âge de 24 ans. Il sera Evêque "réformateur" dans une époque troublée où la féodalité et ses luttes se multiplient partout. Il est élu Pape le 2 février 1049, sous le nom de Léon IX.
Léon IX institua la Trêve de Dieu en 1050, convoqua un Concile au Latran en 1049 et 1051. Il fut surtout un Pape Voyageur, présidant des Synodes, oeuvrant pour la paix en Europe. Gardé prisonnier durant 9 mois, il tomba malade en février 1054. Léon IX meurt à Rome le 19 avril 1054."Durant les 5 années de ce pontificat, Rome redevient le lieu où bat le coeur du monde"
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Le vieux bûcheron soigne sa petite forêt...
Une promenade à Eguisheim ? ou plutôt sur la colline du Bourlémont pour admirer la belle chapelle de Notre Dame du Haut de Ronchamp ?
Dans les Vosges : au Gaschney / Hohneck ou aux 3 châteaux de Ribeauvillé ?
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On démarre la promenade dans le bas du bourg, on traverse la Grand-Rue, colorée, fleurie, avec ses maisons à colombages, ses cigognes... alsacienne en somme...
Ribeau ne ressemble pas à Eguisheim (le village préféré des Français en 2013) (je suis en train de mettre les photos) (Eguisheim a des ruelles étroites et pavées à l'ancienne).. mais bon, Ribeau mérite un détour....sa situation est nettement mieux...Après les dernières maisons, le sentier gravit le vignoble puis pénètre dans le sous-bois. On jette un dernier coup d'oeil sur le bourg et la plaine.
Dès les premiers pas dans la Grand-Rue, on aperçoit, la silhouette du St Ulrich. Une seule envie alors, gravir le plus rapidement possible pour arriver au but...
Est-ce que j'ai déjà dit que c'est mon château préféré ? Bon il y a aussi le Fleckenstein mais c'est un peu plus loin et il n'a pas ces belles fenêtres géminées.Le château Saint-Ulrich (alt. 530 m) est le plus imposant et le mieux conservé des trois châteaux de Ribeauvillé. Appelé aussi Rappolstein, Gross Rappolstein, ou encore Ukrichsburg, il fut bâti vers le milieu du XIIIe siècle sur un éperon rocheux surplombant la vallée du Strengbach et reçu des agrandissements successifs, dont le plus remarquable consista dans l'adjonction d'une aile de proportions grandioses, composée de deux immenses salles disposées l'une sur l'autre et éclairées du côté du Levant par une double rangée de 7 fenêtres géminées de plein cintre. Si le St-Ulrich n’a que peu de caractère militaire, c’est un bel exemple d’habitat seigneurial. Résidence des Ribeaupierre jusqu'au XVe siècle, il est l'une des plus belles réalisations de l'art profane en Alsace.
A l'ombre du Girsberg. Le nom actuel du site de St Ulrich est dû à la chapelle dédiée à ce saint qui se trouve dans le château. Les textes médiévaux, quant à eux, ne font nullement usage du nom actuel : le château portait le nom de la lignée des Rappolstein (ou Ribeaupierre, dans la forme francisée).
C'est bien cette belle façade qui fait le charme de ces ruines... sa situation aussi...
C'est un château d'une très belle architecture militaire du Moyen Age qui comprenait un donjon érigé au XIIe siècle et un logis avec cheminée du XIIe siècle. Au XIIIe siècle la salle des chevaliers fut décorée de 9 belles fenêtres de style roman que l'on peut encore apercevoir. Vers 1435, fut érigé la chapelle consacrée à Saint-Ulrich évêque d'Augsbourg. La famille des Ribeaupierre, quitta ce château au XVIe siècle pour un château de style Renaissance (l'actuel lycée de Ribeauvillé). Par la suite, le château fut démantelé durant la Guerre de Trente Ans.
La légende de la flèche mortelle : deux frères, de la famille des Ribeaupierre, l’un habitant le château de Saint-Ulrich, l’autre le Girsberg, étaient censés chasser ensemble le lendemain. Ils avaient convenu d’un signal : le premier levé éveillerait l’autre en envoyant une flèche sur son volet. Le frère habitant le château de Saint-Ulrich s’éveilla le premier. Il tira donc une flèche en direction du volet de son frère. Mais ce dernier, au moment même où le trait arrivait, ouvrit le volet : il mourut, le cœur transpercé
Les sœurs de la Divine Providence. Voir aussi un article de l'Alsace (octobre 19), et un diaporama de l'Alsace
Retour et nouveau passage dans la Grand-rue. La Grand'Rue, à demi piétonne, traverse la ville. Ses maisons anciennes à colombage sont de belle facture. Aux entrées Sud et Est de la ville, deux tours sont surmontées de nids de cigognes. Remarquez le Pfifferhüs (restaurant) dont la porte est surmontée d'une représentation de l'Annonciation, la halle au blé, une fontaine en grès rouge et jaune de 1536 avec un lion héraldique, la Tour des Bouchers ainsi que la place de la Sinne.
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<< Hors série : ORADOUR APRES ORADOUR >> lien vers France 3
Deux jours avant la commémoration du massacre d’Oradour et à un an du soixante-dixième anniversaire, France 3 propose ce numéro hors-série de "La voix est libre"
© © Denis Adam De Villiers Oradour sur Glane (Limousin) Entrée du village martyr brûlé par une division SS le 10 juin 1944
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« Je n’ai pas envie de me souvenir de choses désagréables. Nous les avions enfouies en nous et oubliées » , assure la Strasbourgeoise Erica Schroeder, pour couper court à toute interrogation sur les six mois passés au RAD, avant les 14 mois durant lesquels, elle a été incorporée au KHD. Sa mère, alors, vient de mourir. Mais rien n’y fait. Elle doit partir. Son père pensait la garder auprès de lui, elle se souvient encore de son regard au moment où le train quittait la gare… Au KHD, elle est affectée à l’usine chimique Bayer de Lerkusen, qui existe toujours. Mais surtout, « les Allemands ne voulaient pas nous laisser retourner à la maison pendant tout ce temps » .
« Erica, avec un c » , précise-t-elle, lorsqu’on lui demande son prénom. La dame, âgée de 88 ans, s’appuie sur le bras de sa fille, venue l’accompagner. L’occasion, pour cette dernière, de parler avec sa mère d’un passé douloureux. Rentrée en Alsace en 1944, Erica n’a jamais évoqué ces longs mois en pays ennemi. « On s’est mariée, on a eu une famille. On se taisait… » En s’arrêtant devant des photos suspendues dans le hall, les souvenirs remontent. « Je détestais la gymnastique pendant le RAD » , s’exclame- t-elle. Il y a aussi cette photo avec les filles en uniforme, formant un cercle, le bras tendu pour le salut nazi, au moment de la levée des couleurs. Erica est émue : « Tu levais le bras mécaniquement, tu ne pensais à rien… »
Germaine Rohrbach.
<< Lien vers le journal l'Alsace >>
Pendant plus de vingt ans, Germaine Rohrbach s’est battu auprès des ministres successifs pour l’indemnisation des incorporés de force dans les formations paramilitaires allemandes, qui étaient essentiellement des femmes. Cette reconnaissance des RAD-KHD a longtemps été refusée par la Fondation Entente franco-allemande (lire aussi en page politique), présidée jusqu’à son décès par André Bord.
Il a fallu l’intervention d’un secrétaire d’État aux Anciens combattants alsacien, Jean-Marie Bockel, pour que 800 € soient versés aux quelque 6 000 Malgré-elles, la moitié par l’État et l’autre moitié par la Fefa. Mais, ce 22 juillet 2008, date de la signature de l’accord, marquait surtout « la reconnaissance par la France, de leurs souffrances et de l’histoire d’une région ». Cette exposition, c’est l’hommage de l’Alsace à ses anciennes.
Le Reichsarbeitsdienst (RAD) est devenu obligatoire en Allemagne, en juin 1935, pour les hommes de 17 à 25 ans. Il fut étendu à la population féminine en septembre 1939. Par ordonnance du 8 mai 1941, le Gauleiter Wagner décide d’appeler au RAD, en Alsace-Moselle, « tous les habitants masculins et féminins entre 17 et 25 ans ». Pour les garçons, le RAD est une préparation militaire intensive de six mois, en prélude à l’incorporation dans l’armée allemande. Pour les filles, il consistait en des travaux agricoles ou d’aide au foyer. À partir de l’automne 1943, elles sont versées dans le Kriegshilfsdienst (KHD) comme auxiliaires de guerre.
Les « Malgré-elles », incorporées de force dans l’Allemagne nazie
Germaine Rohrbach, dans son appartement de Saverne : « Ce que j’ai vécu pendant la guerre m’a donné un caractère de chien quand il le faut ! » Photo Hervé Kielwasser
Il y eut des Malgré-nous, et des « Malgré-elles » : des femmes incorporées de force, non sur le front, mais au service de l’Allemagne nazie, dans le cadre des RAD et KHD. Germaine Rohrbach, 86 ans, fut l’une d’elles. Et elle s’est longtemps battue pour leur reconnaissance.
C’est une dame charmante, qui vit dans un petit appartement de sa ville natale, Saverne, et garde, à 86 ans, un esprit et une mémoire que peuvent lui envier bien des jeunots. Mais c’est aussi une femme indépendante, qui ne s’est jamais mariée, se grille encore volontiers quelques cigarettes et reconnaît posséder parfois un sacré carafon… « La guerre m’a changée : avant, j’étais une fille très gentille, très douce… Ce que j’ai vécu m’a donné un caractère de chien quand il le faut ! Face à une injustice ou une humiliation, je deviens une vraie tigresse… »
Et ce fichu caractère, qu’il soit canin ou félin, ne lui a pas été inutile, pendant les vingt mois passés en Allemagne, entre 43 et 45, mais aussi après son retour, pendant ces décennies durant lesquelles Germaine, en tant que présidente de l’Association des anciens incorporés de force dans le RAD et le KHD (lire ci-dessous), a lutté pour la reconnaissance des « Malgré-elles ». Germaine se souvient notamment d’une entrevue houleuse avec un ancien préfet du Bas-Rhin : « Il m’avait traitée de menteuse ! Peu après, je l’ai retrouvé lors d’une cérémonie : j’ai refusé qu’il me salue, parce qu’il m’avait insultée. Et je l’ai dit assez fort pour que tous les officiels entendent… »
L’incorporation de force de Germaine débute en novembre 1943. Elle a 17 ans et part effectuer son RAD à Oberkirch. « Nous étions dans un camp, à 16 par chambres. On a suivi une formation paramilitaire : on portait un uniforme kaki, on a appris à saluer, marcher, obéir, avant de prêter serment au Führer… » La journée, la lycéenne devient « fille de ferme, bonne à tout faire » dans une famille des environs. « Ces gens étaient gentils, mais effrayants de saleté… Le peigne plein de poux était posé près du beurre. La soupe était servie dans des trous creusés dans le bois de la table. Je lavais le linge dans une fontaine froide ; j’avais des engelures aux mains, mais le soir, au camp, la Führerin me mettait des onguents… »
En février 44, elle est choisie pour travailler dans une station militaire sur un sommet de la Forêt-Noire, la Hornisgrinde. « Nous devions repérer les avions alliés par le son. Heureusement, ils n’en ont jamais abattu un seul grâce à nous… » La nourriture est meilleure et l’ambiance n’est pas mauvaise, si bien que Germaine et ses copines trouvent la force d’enquiquiner leur cheftaine, « une armoire à glace, méchante comme la gale : on frottait du fromage puant sur son plancher, on lui piquait l’ampoule de sa lampe… » Elle le paie à la première incartade. Un dimanche, elle ose mettre un chemisier rose sous son uniforme : « C’est maman qui me l’avait acheté. La cheftaine m’a demandé si j’étais folle, et j’ai répondu… »
Huit jours plus tard, elle travaille à la chaîne, à Pforzheim, dans une usine de pièces de précision pour l’aviation. Commence alors le KHD (voir ci-dessous). « La première fois qu’on me donne du riz, il est jaune : c’étaient des vers… Je vais me plaindre au cuisinier, il m’engueule et me dit : ‘‘C’est votre ration de viande !’’ Le même plat est revenu le lendemain. Et cette fois, je l’ai mangé… »
Par chance, une tante de Germaine possède une boulangerie dans la ville ; la jeune fille se débrouille pour y passer après l’usine, et rapporte au camp des restes de biscuits. « On partageait toujours tout, entre Allemandes et Alsaciennes. C’est aussi un trait de caractère que j’ai gardé de la guerre : je donne tout, je ne suis pas avare, je ne peux pas l’être… »
Elle doit encore travailler dans une station météo et dans une commission de rapatriement avant de pouvoir rentrer à Saverne, très tardivement, en juillet 45. « Je suis arrivée dans ma rue vers 2 heures du matin. Les volets étaient entrouverts. Papa m’a reconnu à mon pas : il a éclairé, il est descendu… En me voyant, ma sœur s’est évanouie. Quand elle est revenue à elle, il lui a dit : ‘‘Va chercher la bouteille à la cave !’’ C’était un cru qu’il avait mis de côté exprès. Mais on l’a recraché : il était devenu imbuvable ! Alors on a fêté ça avec une bonne bouteille de vin ordinaire… »
DÉJÀ PARUES Nos cinq pages consacrées aux Malgré-nous les 4, 11, 18 et 25 août.
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Centre international d'Art verrier
Le CIAV, créé en 1992, est un laboratoire de création qui croise pratiques verrières traditionnelles et questionnements contemporains. Ce pôle de ressource technique prend le parti de valoriser la culture verrière de son territoire, en hybridant tradition et innovation, créativité et application industrielle (résidences d’artistes et de designers, workshops pour étudiants d’écoles d’Art européennes, ligne éditoriale d’objets “made in Meisenthal”, démonstrations publiques, parutions...)
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Les Malgré-elles, reconnues à travers une exposition au Mémorial de Schirmeck
le 02/06/2013 à 05:00 Textes : Yolande Baldeweck Photos : Jean-Marc Loos Vu 177 foisDes images souriantes, souvent trompeuses, à but de propagande.
Les femmes ont longtemps été les oubliées du drame de l’incorporation de force. Une exposition au Mémorial d’Alsace-Moselle leur rend un juste hommage.
« Si 2012 a été l’année des hommes, avec la célébration du 70e anniversaire du décret sur l’incorporation de force dans l’armée allemande, 2013 sera l’année des femmes » , a relevé le président du Syndicat mixte du Mémorial d’Alsace-Moselle, Alain Ferry. L’ancien député s’est souvenu des multiples interventions des parlementaires alsaciens pour que justice leur soit rendue. Pour Germaine Rohrbach, présidente de l’Association RAD-KHD (lire ci-contre), ce fut le combat de sa vie…
Germaine, dont la ténacité a été saluée par le président du conseil régional, Philippe Richert, était présente lors de l’ouverture de cette exposition qui vise à faire connaître le sort « des oubliées parmi les oubliés ». D’autres de ses compagnes d’infortune étaient venues à Schirmeck, curieuses de retrouver les traces de cet enrôlement, vécu pendant leur jeunesse. Bien « malgré-elles » , pour reprendre l’expression de Nina Barbier, auteure de l’ouvrage et réalisatrice du documentaire du même nom. Cette fille d’une incorporée de force dans le RAD-KHD a été co-scénariste aussi du film de fiction, qui a fait découvrir le drame des Alsaciennes au public français.
1 500 documents
Enfin, Nina Barbier est à l’origine, avec Liliane Hoffmann, de l’exposition du Mémorial de Schirmeck. C’était un projet qui tenait aussi à cœur à son équipe, Barbara Hesse, la directrice, et Sabine Bierry, chargée de communication. Elles espèrent toucher les familles à travers des animations spécifiques, cet été.
« À la suite de l’accord de 2008, sur l’indemnisation des RAD et KHD, nous avons rassemblé 1 500 documents originaux, dont de nombreuses photos et documents administra-tifs pour rendre hommage à ces femmes restées silencieuses. Le choix n’était pas facile » , explique la commissaire de l’exposition, Liliane Hoffmann.
De nombreuses images de propagande – souvent idylliques – rappellent d’emblée la place de la femme dans l’idéologie nazie. À 14 ans, les filles intégraient le Bund Deutscher Mädel – branche féminine des Jeunesses hitlériennes. Endoctrinement et éducation ménagère allaient de pair. À 17 ans, elles intégraient le RAD, service de travail du Reich. « Pour les Alsaciennes et les Mosellanes, il y avait aussi l’objectif de les mettre au pas, de les germaniser et de les nazifier » , souligne Liliane Hoffmann. Et d’observer qu’ « au moment de l’incorporation dans le RAD, elles se réconfortaient par la camaraderie, y compris avec des filles allemandes ». Isolées ou en minorité dans les groupes, logées souvent dans des camps, les Alsaciennes portaient l’uniforme comme les Allemandes et devaient prêter serment sur le drapeau nazi. Leurs journées étaient rythmées par un emploi du temps strict.
Comme un album photo
Mais le pire était à venir, avec le KHD, le Kriegshilfsdienst. Auxiliaires de guerre, elles ont été versées dans la défense passive, les usines d’armement, les hôpitaux ou les transports urbains. Certaines se sont retrouvées – selon leur niveau d’études et leur connaissance de l’allemand – au service de la Wehrmacht, dans la défense aérienne, voire la Kriegsmarine. Toutes ont en mémoire la peur des bombardements alliés. « On ignore toujours combien d’Alsaciennes ont été tuées lors des attaques aériennes » , déplore Liliane Hoffmann qui en appelle aux familles…
Pour prendre en compte les deux versants de l’histoire, RAD et KHD, la scénographie de la rétro-spective s’organise autour d’un faisceau de lignes qui convergent et amènent le visiteur au centre du hall. Une table multimédia précise le contexte historique.
Pour la scénographe Cécile Huet (01 Studio), l’exposition – qui est avant tout visuelle, avec des effets sonores – se présente comme « un grand album photo dont les pages se tournent une à une ». Il s’agit d’abord d’un hommage aux Malgré-elles. Mais cette plongée dans l’Histoire vise aussi les jeunes générations qui découvriront ce que leurs grands-mères ne leur ont peut-être jamais raconté. L’occasion de nouer un dialogue. « Redde mr devun ! »
Y ALLER Exposition (gratuite) jusqu’au 30 décembre, tous les jours de 10 h à 18 h, dans le hall du Mémorial de l’Alsace-Moselle.
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A 67km de Strasbourg, le hameau de Graufthal situé à la limite de l'Alsace et de la Lorraine possède deux monuments historiques, dont le plus connu est certainement les curieuses Maisons des Rochers, les dernières habitations troglodytes. Le site de Graufthal est un carrefour naturel entre plusieurs vallées; point intéressant, il est habité depuis l'époque des Celtes et des Gaulois. Lors des guerres destructices du XVIIe siècle, certaines familles qui perdirent leurs habitations dans les flammes, trouvèrent une solution dans l'aménagement des cavités rocheuses des falaises de grès rose. Dès lors, des habitations troglodytes sont à déclarer à Grauthal.
Selon les archéologues R. Forrer et Charles Spindler, qui ont fouillé les lieux en 1899, les premières grottes ont été aménagées dans les rochers de Graufthal au Moyen Âge. Elles étaient alors délimitées par de simples poteaux de bois plantés dans le sol, et dont les trous ont subsisté plusieurs siècles. Elles servaient de grenier, avant d'être transformées en logements de fortune au XVIIe siècle puis en maisons d'habitation au 18e. L'une des portes des actuelles maisons troglodytes est datée de 1760.Les maisons ont accueilli trois familles au xxe siècle : la famille Weber, la famille Wagner et la famille Otterman. Les Wagner furent les premiers à quitter les lieux quand l'étage de leur habitation s'est écroulé en 1931. Les deux sœurs Otterman, Madeleine et Catherine, restèrent. Madeleine mourut en 1947, à 89 ans, et Catherine, dite « Felsekaeth » en patois alsacien, fut la dernière habitante des maisons troglodytes jusqu'à sa mort en 1958. Elle racontait aux touristes que sa maison avait hébergé jusqu’à dix-huit occupants en même temps, la cuisine étant commune à deux habitations.
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